Le palmarès du Festival du film court de Villeurbanne a conclu avec panache une édition de très bonne tenue, couronnée par un réel engouement du public.CC
Le Prix de la meilleure réalisation est allé à l'autre grande surprise de la compétition : Les Paradis perdus d'Hélier Cisterne. Surprise est le mot qui convient le mieux à cette œuvre gigogne. Parti comme un énième opus sur mai 68, le film n'est fait que de bifurcations inattendues, de remises en cause de son point de vue politique, et conduit à une réflexion très pertinente sur le relativisme des engagements. Il s'agit surtout d'un modèle de mise en scène, d'une grande intelligence et d'une indéniable beauté. Autre choix judicieux, le Prix du Conseil général au scénario d'Ata, joli film qui slalome habilement entre les écueils de l'œuvre à message (l'amitié naissante entre une jeune Turque et un immigré Ouïghour), pour se concentrer sur des personnages formidablement incarnés. Dernier film primé, Nous était plus discutable, notamment la crédibilité de son argument ; mais Olivier Hems le décline dans une forme incontestablement audacieuse, et son absence au palmarès aurait été regrettable. Beaucoup de bons films donc dans cette sélection, et peu d'oubliés à l'arrivée, les autres jurys se chargeant de «repêcher» des œuvres aussi réussies que L'Homme est le seul oiseau qui porte sa cage (bel exemple de film d'animation porté par de spectaculaires visions métaphysiques), Juste une heure (un court classique mais finement dialogué et interprété) ou C'est dimanche. Ce dernier a reçu le premier Prix des lecteurs du Petit Bulletin. Comme il s'agit d'un film fort et subtil, loin des clichés que son sujet (un fils en échec scolaire cache à son père illettré son renvoi du collège) pouvait autoriser, on est évidemment très fier de ce choix !