Mardi 23 janvier 2024 De tous les festivals de courts ayant lieu dans la métropole, Un poing c’est court à Vaulx-en-Velin a toujours eu un statut à part : c’est un festival engagé, (...)
La trilogie du Zombie
Par Christophe Chabert
Publié Mercredi 10 décembre 2008 - 3116 lectures
Photo : DR
La Nuit consacrée aux trois films tournés par Rob Zombie permet de faire entendre une des nouvelles voix du cinéma d’horreur américain, dont la cinéphilie et le post-modernisme revisitent avec brio les classiques du genre. Christophe Chabert
Tout commence en 2003 avec La Maison des mille morts (House of 1000 corpses). Quatre adolescents à tendance geek décident de faire un pèlerinage sur les lieux de faits-divers sanglants. En chemin, ils font un arrêt au musée des horreurs et des curiosités du Capitaine Spaulding, clown vieillissant aux dents jaunies et au rire tabagique, qui vend du poulet gras au milieu de bocaux de fœtus difformes. Celui-ci les oriente, après visite de son train fantôme personnel, vers une vieille ferme où une famille de psychopathes a transformé sa maison en labyrinthe de l’horreur, séquestrant, torturant et mutilant des innocents. Il y a quelque chose de touchant dans la manière avec laquelle Rob Zombie découvre son nouveau média avec ce premier essai. Le début frappe par sa tentation de l’hommage au deuxième degré et par son montage excentrique, fruit de l’influence manifeste du Tueurs nés d’Oliver Stone mais aussi d’un bricolage candide des effets sur Avid ou Final Cut. Ce n’est que dans sa dernière demi-heure que La Maison des mille morts devient vraiment passionnant, laissant présager la réussite des deux films suivants. Ce musée des horreurs n’est plus un musée de fantasmes cinéphiles regardés avec la distance de l’âge et de l’ironie (comme le fait le Capitaine Spaulding), mais une entité vivante qui fabrique des images fortes et originales, conduisant vers une authentique renaissance (la survivante sort de la terre couverte de sang comme d’un ventre fécond). Zombie a trouvé un style, un territoire et une famille (dont Chery Moon, compagne, muse et égérie, sera l’emblème ultra-sexuel) qu’il ne va pas tarder à magnifier.Le crépuscule de la morale
The Devil’s rejects est la suite directe de La Maison des mille morts, avec les mêmes personnages, plus un shérif brutal et peu sympathique. Mais le corpus de références a changé, et le ton potache du premier volet laisse place à une violence pas drôle et réellement dérangeante. Zombie choisit donc le road movie et le western comme horizons et Sam Peckinpah comme maître principal dans un film qui cite et compresse avec une intelligence redoutable les plus grandes scènes du cinéma de genre. Autant La Maison des mille morts avait encore le scrupule d’offrir au spectateur des portes d’identification positives (les fameux ados), autant The Devil’s rejects élève sa famille de tueurs au rang de héros mélancoliques et traqués. Renversement de perspective qui induit un basculement moral complet : du côté des monstres, la caméra de Rob Zombie filme leur crépuscule sanglant, menacés par un flic dévot et sadique incarnant le retour d’un ordre puritain. Derrière tout ça, il y a l’idée très personnelle que le mal est partout, et que tout précepte est réversible selon les circonstances.Le mal est partout
En s’attaquant au remake d’un film aussi parfait que le Halloween de John Carpenter, Rob Zombie ne pouvait que gravir une montagne infranchissable. L’intérêt paradoxal du résultat tient à ce que le cinéaste admet en permanence qu’il ne pourra pas faire mieux que son prédécesseur ; tout au plus apportera-t-il un regard complémentaire. Zombie développe donc ce qui n’était chez Carpenter qu’un trou béant : l’enfance de Michael Myers avant son crime et le moment où il se mure dans le silence, interné à l’hôpital psychiatrique. Idée gonflée : Myers devient une victime mélancolique de sa frustration et de ses instincts criminels. Le mal n’est plus absolu comme chez Carpenter, mais relatif comme dans les précédents films de Zombie. La deuxième moitié, qui reprend presque à l’identique le Halloween original, est évidemment moins stimulante. Mais en trois films, Zombie a démontré qu’il était ce cinéaste respectueux de ses pairs, amoureux du film de genre et désireux de l’élever à nouveau vers les (h)auteurs.Nuit Rob Zombie
À l’Institut Lumière, vendredi 19 décembre.
à lire aussi
derniers articles publiés sur le Petit Bulletin dans la rubrique Cinéma...
Mardi 31 octobre 2023 Le festival Lumière vient de refermer ses lourds rideaux, les vacances de la Toussaint lui ont succédé… Mais ce n’est pas pour autant que les équipes de (...)
Mardi 31 octobre 2023 Si le tourisme en pays caladois tend à augmenter à l’approche du troisième jeudi de novembre, il ne faudrait pas réduire le secteur à sa culture du pampre : depuis bientôt trois décennies, Villefranche célèbre aussi en beauté le cinéma francophone....
Mardi 5 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or Anatomie d’une chute et sans doute favorisé par la grève affectant...
Mardi 29 août 2023 Et voilà quatre films qui sortent cette semaine parmi une quinzaine : N° 10, La Beauté du geste, Alam puis Banel & Adama.
Suivez le guide !
Lundi 12 juin 2023 Parmi les jeunes maîtres du cinéma nippon, Kôji Fukada est en train de se tailler une place de plus en plus importante. Présenté à la dernière Mostra, Love Life est un film sur les liens invisible, l’incommunicabilité, la famille et la résilience....
Mercredi 19 avril 2023 Invité aux Rencontres du Sud pour présenter sa nouvelle comédie avec Charlotte Gainsbourg, "La Vie pour de vrai", Dany Boon évoque les lointaines inspirations qui l’ont aidé à modeler son personnage de candide. Comme son rapport inattendu à Agnès...
Mercredi 30 novembre 2022 Deux lieux atypiques accueillent des projections en ce début décembre. D’abord, la Maison de l’Écologie dans le 7e arrondissement ce jeudi 1er à 20h à (...)
Mercredi 30 novembre 2022 Le Festival du Film Court du Zola ayant servi de warm-up, on ne lâche pas l’affaire et l’on continue avec entrain avec la deuxième édition de Mutoscope, (...)
Jeudi 1 décembre 2022 Le titre un brin lapidaire de la livraison mensuelle du cycle Ciné Collection concocté par les salles du GRAC (“Femmes à la caméra“) ne doit pas susciter (...)
Mercredi 30 novembre 2022 L’un aurait fêté son centenaire, l’autre ses 130 printemps en 2022. Mais tous deux sont d’une étonnante contemporanéité et — curieusement — complémentaires. Ernst Lubitsch et Francesco Rosi finissent l’année à l’Institut Lumière.
Jeudi 6 octobre 2022 Huit ans après "La French", le réalisateur et le comédien se retrouvent pour un film à nouveau tiré d’un fait historique mais beaucoup plus contemporain : les attentats de 2015. Rencontre autour de la conception d’un film sur une tragédie française.
Lundi 5 septembre 2022 Bien qu’il atteigne cette année l’âge de raison avec sa 7e édition, le Festival du film jeune de Lyon demeure fidèle à sa mission en programmant l’émergence des (...)
Lundi 5 septembre 2022 Appelés à retrouver leurs chères études, les écoliers se sentiront-ils moins seuls en sachant que les cinéphiles lyonnais doivent suivre un programme au moins aussi chargé en ce mois de septembre avec moult rencontres et événements dans les salles ?...
Mardi 23 août 2022 Après avoir endossé sur scène le rôle d’Hortense dans La Dégustation d’Ivan Calbérac, Isabelle Carré le reprend avec enthousiasme pour l’adaptation réalisée par l’auteur. L’occasion de converser avec une comédienne toujours impeccable, devenue...
Lundi 5 septembre 2022 Malavida ressort l'un des films phares de la Nouvelle Vague tchèque, dont l'inventivité et la pertinence demeurent totalement d'actualité.
Mercredi 17 août 2022 Et si Forrest Gump portait un turban et dégustait des golgappas plutôt que des chocolats ? L’idée est audacieuse mais aurait mérité que le réalisateur indien de Laal Singh Chaddha se l’approprie davantage. Si l’intrigue réserve forcement peu de...
Mercredi 11 mai 2022 Lauréat début mai du Meilleur premier film de fiction et Meilleur acteur dans un second rôle aux 9e Prix Platino (attribués aux productions du monde ibérique), Karnawal incarne la relève du cinéma latino-américain. Avant de recevoir ses récompenses,...
Mercredi 11 mai 2022 Alors que son film posthume Plus que jamais réalisé par Emily Atef sera présenté dans la section Un certain regard du 75e festival de Cannes, l’Aquarium (...)
Jeudi 12 mai 2022 Tous deux ont porté le Nouvel Hollywood sur les fonts baptismaux, joué (sans avoir de scène en commun) dans le plus célèbre film de mafia/la plus fameuse (...)
Jeudi 12 mai 2022 Et vous, comment vivrez-vous ?, le nouveau long-métrage de Hayao Miyazaki n’étant annoncé que l’année prochaine (une décennie après le dernier), le Pathé Bellecour (...)
Vendredi 13 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Mardi 10 mai 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.
Mardi 26 avril 2022 Comédienne chez Denys Arcand (L’Âge des ténèbres) et surtout Xavier Dolan (Les Amours imaginaires, Laurence Anyways), la Québécoise Monia Chokri avait réalisé en 2019 un premier long-métrage remarqué, La Femme de mon frère. Elle est de retour...
Mardi 26 avril 2022 Un très joli conte de printemps s’apprête à sortir sur les écrans : le bien nommé C’est magnifique !, troisième long-métrage du comédien et cinéaste Clovis (...)
Mardi 26 avril 2022 Retour à un calendrier habituel pour le festival Cinémas du Sud concocté par la galerie Regard Sud et accueilli par l’Institut Lumière du mercredi 27 au (...)
Mardi 26 avril 2022 Faut-il une raison pour aller au musée contempler les toiles des Impressionnistes ? Évidemment non. Il en va de même pour les chefs-d’œuvre du cinéma (...)
Mardi 26 avril 2022 Les organisateurs d’On vous ment ont de le sens de l’humour (ou de l’à propos) puisqu’ils ont calé la septième édition de leur festival pile entre la présidentielle et les législatives. Une manière de nous rappeler qu’il ne faut pas tout...
Mardi 26 avril 2022 Mercredi, jour de sorties en salles : voici notre sélection des films à voir à Lyon cette semaine.