De Bill Plympton (EU, 1h18) animation
A la suite du relatif insuccès rencontré par son ambitieux et pourtant très sympathique Hair High, Bill Plympton s'est illico relancé dans un projet moins coûteux, plus minimaliste, où la somme de ses frustrations se retrouve miraculeusement transfigurée à l'aune d'un revirement artistique plutôt bienvenu. Le ton est ici plus posé, plus tenu que dans ces délires visuellement apocalyptiques qu'étaient L'Impitoyable lune de miel, Mondo Plympton ou encore Les Mutants de l'espace, et on ne s'en plaindra pas : le film perd en loufoquerie potache ce qu'il gagne en construction d'une atmosphère étrangement crépusculaire, clairsemée d'emprunts pertinents au film noir. Des idiots et des anges se déroule majoritairement dans un lieu unique, un bar où vient se perdre un salary man misanthrope, prenant un malin plaisir à torturer son prochain. Ses perspectives vont se retrouver bousculées par l'apparition dans son dos d'une paire d'ailes dont il ne va savoir que faire, jusqu'à ce que le sort se charge d'influer sur son comportement. Pour mener à bien ce récit à la morale retorse, Bill Plympton opère une discrète révolution esthétique : ce retour à une forme épurée, tant dans la construction de ses plans que dans son absence totale de dialogues, s'accompagne d'un trait plus assuré, moins ancré dans l'urgence comique caractéristique de son travail. Les touches d'humour sont toujours présentes, mais servent le récit au lieu d'en être la seule dynamique. Autant d'éléments permettant à Des idiots et des anges de distiller une superbe mélancolie sous ses airs de fable douce-amère – et de s'imposer comme le meilleur film de son auteur. François Cau