Amicalement. Bertrand.

Pour finir en beauté l’événement Tavernier de l’Institut Lumière, un week-end de films américains choisis et présentés par le cinéaste-cinéphile illustrera le beau livre paru chez Actes Sud. Christophe Chabert

D’abord, un mot sur Amis américains, le livre de Bertrand Tavernier. On a dit un peu vite qu’il s’agissait d’un recueil d’entretiens, mais il ne faudrait pas oublier les analyses consacrées à chaque cinéaste par Tavernier. Il s’y avère un formidable commentateur de cinéma, capable d’englober dans ses textes tous les aspects d’une œuvre, des variations de mise en scène jusqu’aux thèmes et aux idées qui relient chaque film. Sans vouloir faire de la nostalgie rance, on a un peu perdu cette manière de regarder les films, de communiquer des plaisirs de spectateur au plus près de ses émotions, tout en conservant une mémoire du passé pour manier des perspectives historiques. Une petite leçon, donc, qui va s’accompagner le week-end prochain d’une grande : la confrontation avec les films présentés par Tavernier au public de l’Institut Lumière.Des spectateurs gâtés
Choix surprenant, d’ailleurs, car on n’y retrouve pas les piliers du livre que sont John Ford, Henry Hathaway ou André de Toth, ni les amis récents que sont Joe Dante, Tarantino et Alexander Payne. Tavernier a même profité de l’occasion pour rajouter un chapitre inédit et bienvenu avec l’hommage rendu au récemment disparu Robert Mulligan, cinéaste discret à la filmographie passionnante (on pourra découvrir un de ses westerns, L’Homme sauvage). Pour ouvrir les festivités, c’est un John Huston pas mal sans plus qui a été choisi (Le Malin) mais, pour tout dire, on aurait préféré revoir Fat City, son meilleur film des années 70. Le samedi matin, raccord total avec le bouquin puisque c’est un programme consacré aux blacklistés du Maccarthysme, thème cher au cœur de Tavernier. On y verra le documentaire réalisé par John Berry, diffusé après Le Sel de la terre, fiction progressiste de Herbert Biberman. L’après-midi, il sera question du Code Hays, cette censure décomplexée qui pendant plusieurs décennies a castré les représentations des cinéastes américains. Deux films (Baby Face d’Alfred E. Green et Night nurse de William Wellman) démontreront que certains ont réussi à ruser avec le Code. Suivront Le Bandit d’Edgar G. Ulmer (qu’on connaît surtout pour son film noir Détour) puis le génial Force of evil de Polonsky, modèle de série B contestataire. Pour finir, hormis le Mulligan, Tavernier mettra en lumière Convoi de femmes, beau western de Delmer Daves, et un film assez mythique, The Star de Stuart Heisler, où Bette Davis pousse à son terme le travail commencé avec Eve de Mankiewicz : montrer le métier d’acteur vedette comme un miroir aux alouettes et un tout à l’ego destructeur.Week-end Amis Américains
Les 23, 24 et 25 janvier à l’Institut Lumière.

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