«Je fais ce que j'ai envie de faire»

Livre / Dans un recueil d’entretiens avec Michael Henry Wilson, Eastwood acceptait comme jamais d’évoquer son travail de cinéaste. Christophe Chabert

Peu loquace en interview, généralement réticent à parler du contenu de ses films, Clint Eastwood a fait de sa parole de cinéaste une denrée rare. C’est ce qui rend le recueil d’entretiens réalisés sur plus de vingt ans par Michael Henry Wilson, co-réalisateur des docus de Scorsese sur le cinéma américain, aussi précieux. Wilson aborde Eastwood en cours de carrière, peu de temps après la sortie de Sudden impact. Il le rencontrera ensuite régulièrement à chaque sortie de films (évitant judicieusement les rares faux-pas de sa filmographie) et même au début de son éphémère carrière politique. Au fil des discussions, le mystère Eastwood se dissipe. Ses thèmes d’abord, à commencer par le rejet des institutions bureaucratiques qui brident la liberté individuelle. Une idée qui effectivement relie les Inspecteur Harry à Mémoires de nos pères, les films «d’auteur» aux films de genre. La méthode ensuite : Eastwood ne signe pas ses scénarios, mais les prépare méticuleusement. Soit il fait réécrire avant de tourner, soit il réécrit pendant. Quand un scénario lui plaît, il le filme tel quel (comme celui de Million dollar baby) ; il peut même dans la foulée passer commande au scénariste pour un autre script sur une idée de son cru (Helgeland avec Mystic River, Haggis avec Mémoires de nos pères). L’important pour lui est ensuite de tourner vite, avec une équipe similaire d’un film à l’autre comme une «opération commando», et une confiance absolue en son «intuition» résumée par la formule : «J’ai un point de vue, je m’y tiens». Quant aux choix de ses sujets, Eastwood est très clair : «il faut que ce soit une chose que j’ai envie de voir à l’écran». Avant de conclure, comme une conséquence de cette curiosité d’auteur et de spectateur : «Quand de nouvelles idées se présentent, je ne demande qu’à m’en saisir.»

«Clint Eastwood, entretiens avec Michael Henry Wilson»

Éditions Cahiers du cinéma

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