Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain à Villeurbanne fêtent leurs vingt-cinq ans ; de retour au seul Zola, mais avec des incursions lyonnaises au Comœdia, le programme déroule une belle série d'avant-premières, d'inédits et de séances de rattrapage.Christophe Chabert
Restons en Argentine pour le nouveau film de Pablo Fendrik, La Sangre Brota. Repéré avec son précédent L'Assaillant, Fendrik retrouve son goût pour les récits cerclés temporellement, soulignant ainsi l'enfermement de ses personnages (ici, une famille et deux milles dollars à réunir en quelques heures). Venu du Brésil, on ne s'arrêtera pas sur La Cité des hommes, suite ciné pas franchement à la hauteur de la série du même nom, elle-même inspirée du génial La Cité de Dieu. Et encore moins sur l'odieux Tropa de Elite, réponse putride au film de Meirelles, qui camoufle derrière une simili-mise en scène branchée et une voix-off «authentique» un tract de propagande pour la brutalité policière. En revanche, on prêtera attention au nouveau film des producteurs de La Cité de Dieu, Walter Salles et Daniela Thomas, Une famille brésilienne. Le film avait remporté le prix d'interprétation féminine à Cannes, et il sera présenté quelques semaines avant sa sortie française aux Reflets. Autre événement du festival, la venue de Jaime Rosales, en pleine crise de radicalité après son assez subjuguant La Soledad : Un tir dans la tête raconte, sans dialogue et au télé-objectif, la confrontation entre des terroristes de l'ETA et des flics espagnols.Désert intérieur
Il y a deux ans, les Reflets avaient fait un beau coup en proposant juste avant sa sortie en salles La Zona, premier film d'un jeune cinéaste mexicain : Rodrigo Plá. Une révélation vite relayée par l'enthousiasme des spectateurs face à cette œuvre d'anticipation écrite au futur très proche, démontrant une maîtrise stylistique et thématique assez impressionnante. Depuis, Plá a réalisé une sorte de deuxième premier film (il l'avait tourné avant La Zona, mais terminé ensuite), Desierto Adentro : où un père se met en tête de construire une église pour expier ses fautes et préserver ses enfants de la vengeance divine. Si le cinéaste démontre la même force pour aborder la question du fanatisme religieux que celui de la sécurité à outrance, Desierto adentro pourrait être le choc de ces vingt-cinquièmes Reflets !