Vendredi 15 mai
Vendredi 15 mai : J'ai couru après le Coppola mais ne l'ai jamais rattrapé... Queues monstres pour le film alors que les séances de la compétition restaient clairsemées. Tant pis, tant mieux, il faut activer le plan B... et je me retrouve devant un formidable film iranien, Les Chats persans. Un film tourné clandestinement et qui retrace avec un argument de fiction la difficile réalité du rock underground à Téhéran. Plusieurs bonnes nouvelles sont au programme : malgré la complexité kafkaienne des démarches pour répéter, enregistrer et faire des concerts dans la ville, on voit défiler à l'écran des Strokes ou des Moldy peaches iraniens de fort bonne facture ; même avec une Dv pourrie, Bahman Ghobadi et son chef opérateur réalisent un objet esthétiquement superbe, énergique et ludique ; et, bien que le film dessine un horizon bouché pour ses personnages, Les Chats persans est une comédie noire parfois bidonnante. Bref, le cinéma iranien ne nous avait pas habitué à ça et c'est une sacrée nouvelle !
Autre bon film, celui de l'Anglaise Andrea Arnold, Fish tank. Portrait d'une ado butée qui se rêve danseuse de R'n'B, le film invente des corps, un environnement et une symbiose entre les deux qui séduisent et émeuvent. Le trouble érotique qui naît entre cette fille sauvage de quinze ans et le nouveau copain de sa mère est capté dans la durée et avec une attention de tous les instants par la cinéaste, virtuose du plan scotchant et du contrôle des émotions du spectateur. La dernière partie, toute en ruptures et réconciliations, est une belle percée vers le conte, mais un conte d'aujourd'hui où la princesse vit dans un HLM et exprime ses rêves en kidnappant des petites filles.