Musique / Ils sont passés à Lyon ce printemps dans un relatif anonymat et devant un public clairsemé, mais leur passage a laissé des traces. Ils s’appellent David Boringle, Martin Luther BB King et Eurobélix, ils sont Américain (pour le premier) et Français (pour les deux autres). Vagues copains de lycée, ils auraient scellé leur amitié et leur projet lors d’un stage chez Leroy Merlin. Ou pas. Ils s’inscrivent dans une tradition électro-rock qui ne se prend guère au sérieux mais met un point d’honneur à ne pondre que des morceaux gaulés comme des hymnes : quelque part entre les météoriques anglais de Klaxons et la pop coup de poing mais gantée de soie de Phoenix. Le tout saupoudré de gloubiboulga rap et d’électro cérébrale à la Ratatat. N’en jetez plus. Eux, ce sont les Naïve New Beaters mais ils auraient pu s’appeler Ouistitiz, comme d’autres s’appellent Gorillaz. Car quelque chose suggère assez rapidement à l’écoute de leurs méfaits musicaux que le trio n’est pas si naïf. Émargeant plus évidemment dans la catégorie «malin comme un singe», le trio respire en effet la perspicacité tubesque, l’intelligence des corps prêts à tout donner sur la piste de danse dans un feu d’artifices de n’importe quoi. On n’ose imaginer le raout que les NNBS vont perpétrer dans le cadre du Square de la Doua en vedette (franco)américaine, comme on disait jadis, des très raccords Tahiti 80 et Metronomy : certains connaissent les Rouennais pour leur pop chewing-gum qui fait davantage fureur à l’étranger, notamment au Japon, qu’en France (malédiction connue sous le nom de «syndrome de Phoenix (ou de Mireille Mathieu)»). Moins nombreux sont ceux qui ont suivi de près le parcours des pourtant très hype anglais de Metronomy, grands remixeurs devant l’éternel. Comme celle des Naïve New Beaters, leur approche musicale mélange électro-geek et pop volontiers idiote. Un mélange qui prend tout son sens sur un campus savant mais imprégné de festoiements étudiants comme celui de la Doua. La bonne pioche musicale de ces Invites. SD
