De Robert Guédiguian (Fr-It, 2h19) avec Simon Abkarian, Virginie Ledoyen, Robinson Stévenin...
Il y a deux films dans cette ambitieuse Armée du crime : d'abord le récit, clairement hagiographique, de l'action du groupe Manouchian, armée de résistants communistes de tous âges et de toutes origines luttant par la violence contre l'occupant allemand. Sur ce versant, Guédiguian ne convainc pas entièrement. Son didactisme se heurte à une narration sombre et épique, notamment à cause des dialogues en forme de serments politiques où l'on sent trop clairement l'auteur parler à la place de ses personnages. Mais il y a une autre piste, passionnante, qui justifie le projet du cinéaste : celui de montrer l'entourage des résistants — famille, épouse, maîtresse... Ici, ce sont toutes les formes de silence, de l'approbation à l'inquiétude en passant par le mensonge salvateur, que Guédiguian filme, et cela débouche sur une question magnifique : comment vivre dans l'ombre de l'héroïsme ? Un personnage incarne ce dilemme tragique : Mélinée Manouchian, dont l'amour absolu, presque métaphysique, pour son mari, est toujours assombri par un voile de tristesse. La manière dont Virginie Ledoyen, grande actrice négligée du cinéma français, joue corps et âme cet engagement silencieux, est franchement sublime. Le film de Guédiguian lui doit beaucoup...
CC