Dimanche 18 octobre 2009 Autant passer tout de suite aux aveux : une autre casquette m’a poussé hier soir à sécher le Prix Lumière remis à Clint Eastwood… En même temps, aveu numéro 2 : après (...)
Le festival Lumière 2009 sera, le temps d’une soirée, au cœur d’une actualité qui a enflammé la cinéphilie : l’affaire Pierre Étaix. Ou comment le droit moral d’un auteur sur son œuvre se transforme en procédure judiciaire. Christophe Chabert
Pierre Étaix, aujourd’hui âgé de 80 ans, est une figure singulière du cinéma français. Clown, magicien, acteur et finalement auteur et réalisateur d’une œuvre qui doit autant à Tati — son maître, pour qui il a dessiné les affiches de Mon Oncle et scénarisé quelques-uns de ses gags — qu’à Buster Keaton — référence évidente, y compris physiquement. Ceux qui ont vu sur arte Le Soupirant (1962), lors de sa dernière diffusion télévisuelle il y après de quinze ans, savent que ce cinéma à l’humour essentiellement visuel, très beau et particulièrement poétique, a une importance particulère dans le grand chambardement qu’était le cinéma français des années 60. Premier cinéaste hexagonal a avoir tourné un film avec la technologie Imax, titulaire de prix dans la plupart des festivals et d’un oscar du meilleur court-métrage, Étaix a pourtant été largement oublié par les historiens du cinéma.
Bataille cinéphile
À ce déficit de notoriété s’est ajoutée une bataille juridique comme la cinéphilie n’en avait pas connue depuis l’affaire Langlois. Au moment de la restauration de Yoyo (son deuxième long métrage, tourné en 1964), une société de production, Gavroche production, prétend en détenir les droits et interdit sa diffusion publique, mais aussi la restauration des autres films de Pierre Étaix. Pendant deux ans, l’affaire prend de l’ampleur, notamment grâce à internet où une pétition de soutien est lancée. Ladite pétition rencontre un succès considérable, et trouve des soutiens inattendus à travers le monde : de Woody Allen à Jean-Luc Godard, de Joe Dante à David Lynch, c’est une impressionnante liste de grands noms du cinéma qui prêtent leur signature à ce combat cinéphile. En juin dernier, le Tribunal de Grande Instance de Paris donne raison à Pierre Étaix, et permet (même si un appel est en cours…) la circulation des films. Le festival Lumière 2009 ne pouvait que s’associer à cette bonne nouvelle en conviant le cinéaste à présenter Yoyo, son hommage au monde du cirque, dans la copie restaurée présentée à Cannes Classics en 2007. Pierre Étaix sera présent au festival pour deux soirées spéciales données en son honneur : le mercredi 14 octobre aux Alizés et le jeudi 15 au Comœdia (les deux à 20h30).
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
