Entretien / Nanti depuis le début de l'année d'un nouveau programmateur, le Marché Gare entame la saison avec une programmation bien plus ouverte qu'à l'accoutumée. Explications avec l'intéressé, Benjamin Petit. Propos recueillis par Stéphane Duchêne.
Benjamin Petit : Je suis originaire de Lyon où j'ai fait une partie de mes études dont Sciences Po, mais mon expérience professionnelle s'est faite à Paris. Notamment chez Naïve, puis à la mairie de Paris, au cabinet de l'adjoint à la Culture. J'ai également travaillé dans un cabinet d'études et de conseil en projets culturels qui faisait une étude sur les Musiques Actuelles à Paris. Qu'est-ce qui va changer avec votre arrivée ?
On ne peut pas cloisonner une salle à une esthétique, on est obligé d'être à la fois généraliste et pointu dans tous les domaines. L'idée globale c'est de fonder la programmation sur un socle rock, et d'aller chercher des compétences, des partenariats sur des esthétiques particulières (Jarring, L'Original, Les Gourmets). Je vais aussi continuer à programmer des groupes locaux, mais ils ne passeront au Marché Gare que parce qu'ils me plaisent. Quel regard portez-vous sur la scène lyonnaise ?
J'ai plongé direct dedans et j'ai été très surpris. C'est terrible que la scène locale souffre d'un tel complexe. Quand tu dis que tel ou tel groupe est lyonnais, c'est presque dévalorisant : dans l'esprit des gens, s'il est lyonnais c'est qu'il n'est pas très bon. Alors qu'il y a des groupes de qualité. La seule différence avec Paris c'est que les groupes parisiens ont les médias nationaux à proximité. Les difficultés du secteur Musiques Actuelles, c'est quelque chose qui peut vous handicaper dans votre travail ?
C'est clair. Le Kao avait un projet de Scènes Découvertes, on avait noué des liens pour partager ce projet sur nos deux lieux. Avec la disparition de Kao Konnection ce ne sera plus possible. Là, avec le Marché Gare on est sur une espèce de monopole puisqu'on est quasiment la seule Scène Musiques Actuelles Lyonnaise à produire ses concerts. Du coup, on croule sous les demandes. À peu près 1300 par an. Je serais le premier ravi qu'il y ait deux trois autres salles comme nous, que chacun puisse creuser son identité, pour une vraie diversité culturelle. Le statut de MJC, c'est un avantage dans le contexte actuel ?
L'avantage c'est qu'il y a une grosse machine, qui rend la structure et la gestion super solides et du coup on est économiquement très bien géré. Ca me permet de me concentrer sur la salle sans me préoccuper des ressources humaines ou de la comptabilité. Et puis les MJC sont les premiers lieux à avoir accueilli des musiques actuelles dans les années 80. C'est une tradition qui perdure sur notre vocation à proposer des concerts qui soient à mi-chemin de la culture, de l'art, de la jeunesse... On nous dit souvent que c'est vieillot et pas très "paillettes", mais il y a d'excellents exemples qui montrent qu'on peut avoir une programmation pointue.