Dans Raveonettes, il y a «rêve». Le rêve que dans un monde idéal, le duo accède enfin à la reconnaissance qu'il mérite. Un monde dans lequel les groupes à fifilles de Phiphil Spector joueraient à touche pipi avec les ténébreux frérots de Jesus & Mary Chain. Un monde où les curés de la new-wave descendraient Hollywood Boulevard en chemises à carreaux/stetson dans des Cadillac roses. Après deux albums de la trempe de ‘Pretty in Black' (délicieux tour d'horizon pop 60's) et ‘Lust Lust Lust' (plongée du côté obscur du Wall of Sound), il fallait de la ressource au double mixte danois pour pondre un album aussi resplendissant de lumière noire. Mélodies imparables, voix de séraphins dévergondés, adossées au mur porteur de guitares : tout l'artisanat noise pop des Raveonettes est là, dans sa forme la plus olympique (‘Heart of Stone' ou ‘Gone Forever' prennent n'importe quel tube du moment avec une main dans le dos). Et comme toujours on y parle suicide, viol, enterrement et drogue avec un grand sourire plein de chamallows et des larmes de crocodile en gélatine. Avec les Raveonettes, on est un peu chez Tarantino au pays de la Petite Sirène. À la fois Kill Billboard, Pop Friction et Hollywood Boulevard de la Mort, l'histoire d'un groupe qui se venge de l'indifférence des charts à coups de mélodies tueuses et de riffs pailletés dans ta gueule d'ange. SD