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La bonne parole

Portrait / Olivier Rey est metteur en scène. À 33 ans, il fait partie de la jeune garde qui a envie de bousculer les codes. Avec L’Achat du cuivre, présenté au Théâtre le Point du Jour, il propose une réflexion sur le théâtre, le jeu, l’engagement et le monde. Dorotée Aznar

Olivier Rey est né à Villefranche-sur-saône, il y a 33 ans. Il s'installe à Lyon en 1991 pour apprendre le théâtre, au lycée. Sa famille reste à Villefranche, où son père exerce toujours les fonctions de… pasteur. Des prêches du dimanche, le metteur en scène a gardé une fascination pour les grands rassemblements : «j'adorais voir des gens se retrouver dans une salle pour écouter un message, une parole. Ce n’est pas le discours de mon père qui m’intéressait mais l’aspect social de la messe. Quand j’ai découvert le théâtre, j’ai retrouvé ce côté festif mais moi, c’est la parole des acteurs et des artistes qui m’intéressait». Des gens qui défilaient chez ses parents pendant les dîners, il a gardé le goût des rencontres et des amitiés fidèles. «J’ai toujours une histoire humaine avec les gens, il faut qu’il y ait une rencontre. Le noyau de gens avec qui je travaille est assez fixe, j’ai besoin de ce cadre, de cette complicité, de cette fusion-là. Ce que je demande aujourd’hui à mes acteurs, ce n’est possible que parce qu’il y a une reconnaissance mutuelle de notre travail».

«Une certaine incohérence»
Fusion certes, mais liberté aussi. Littérature, sciences politiques, beaux-arts, Olivier Rey s’est frotté à plusieurs disciplines, les délaissant quand elles ne le nourrissait pas assez, ou pas comme il le souhaitait. Car le message à transmettre, Olivier Rey le cherche toujours, s’essayant à diverses formes et préférant généralement travailler sur des textes non créées pour le théâtre. Une pièce de Pablo Picasso ('Le Désir attrapé par la queue', en 1996), un scénario de film ('La Maman et la Putain' en 2002, des poèmes ('Blanche Neige' en 2005) ; il n’accorde ses faveurs à un auteur de théâtre qu’une seule fois, avec 'Parasites', crée en 2004, «C’était ma première pièce aux Ateliers, j’ai sans doute eu envie de faire comme tout le monde, même si cette pièce ne reposait pas sur une dramaturgie traditionnelle». Une envie de faire du théâtre «mais pas que», de faire découvrir des pièces hybrides, bizarres qui lui fait parler d’une «incohérence certaine dans son parcours».

Le tournant
Olivier Rey est aujourd’hui à un tournant de sa carrière. Le moment de passer du statut de jeune metteur en scène à celui de metteur en scène tout court. Ce qui ne l’empêche nullement d’avoir choisi de monter 'L’Achat du cuivre' de Brecht, une œuvre théorique et casse-gueule. Dans cette pièce, il demande à ses acteurs de jouer à ne pas jouer. Il s’inspire de Brecht et refuse d’arriver devant son équipe avec sa propre lecture du texte, mais se met à l’écoute de chacun, tentant de trouver une cohérence. Alors qu’il est programmé dans une grande salle, il choisit de présenter une forme qui nécessite une jauge réduite. On l’attend metteur en scène, on le retrouve philosophe, acteur, conférencier, caché par la fumée de son cigare ou un portrait de Brecht. «Dans 'L’Achat du cuivre', on pourrait dire, c’est un discours d’Olivier Rey sur le théâtre. Mais, non, ce n’est pas une conférence, on en fait un spectacle. À partir du moment où des gens sont dans une salle en train de regarder des acteurs sur une scène, c’est du théâtre». Un théâtre gonflé et militant qui ne se coupe pas du réel, interroge le monde et les spectateurs sans trop se prendre au sérieux. «De l’humour, mais pas de second degré», précise le metteur en scène vêtu, sur scène, d’un T-shirt «Marx et ça repart». Car Oliver Rey ne tend pas un doigt au théâtre traditionnel : «j’aime beaucoup le savoir-faire théâtral, mais je préfère me sentir spectateur d’un processus particulier, unique, je ne peux pas séparer le théâtre et la vie. Et j’ai envie de mélanger les genres pour voir ce que ça donne. Et souvent, ça donne du théâtre».

L’Achat du cuivre
Au Théâtre le Point du Jour
Jusqu’au 22 novembre

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