Expo / Dans une œuvre de 2001, l'artiste Pascal Bernier composait la scène suivante : un grand ours en peluche brun sodomise un véritable ours blanc naturalisé. Jouissive et perverse victoire de la culture contre la nature, qui aurait pu servir d'emblème au sommet de Copenhague... Mais post-coïtum, animal triste, et après la petite mort il faut songer à la grande, celle qui nous guette tous, réduction des émissions de CO2 ou pas. La nouvelle exposition de Pascal Bernier à Lyon se veut donc un retour au genre de la vanité, très en vogue à l'âge classique, et quelque peu dévoyé, commercialisé, voire tombé dans le décoratif, depuis... «Il y a un stylisme de la figure du squelette qui a quitté le domaine de la morale pour rejoindre celui du bling-bling. Il n'y a pas une marque de haute couture ou de parfum qui n'ait sorti une tête de mort», écrit l'artiste. On soupçonne néanmoins Bernier d'ajouter au memento mori du XVIIIe siècle une petite dose d'humour... «Fitness Addiction» montre par exemple, un squelette soulevant des haltères sur une machine de musculation ; «Vive la fête» est une série de têtes de mort dessinées en creux au milieu de confettis ; «The Morning Afer The Evening Before» représente, grâce à un jeu de miroirs, un champ de crânes au milieu de confettis se répétant à l'infini... Bernier, c'est certain, a la gueule de bois après une soirée trop arrosée, lui qui écrit encore : «les mexicains nous parlent de l'aspect festif de la mort, alors que mes œuvres nous parlent de l'aspect mortifère de la fête». Son œuvre la plus drôle demeure pour nous ces deux crânes louchant l'un sur l'autre et se disputant méchamment un grand fémur... JED
Pascal BernierÀ la galerie José Martinez jusqu'au 9 janvier.