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Quand on arrive en livre !

«Le cinéma flamand a de l'avenir»

Enfant prodige du cinéma flamand, Félix Van Groeningen évoque ici la genèse de sa "Merditude des choses", son troisième long-métrage tendrement barré. Propos recueillis par Aurélien Martinez

Petit Bulletin : Vous adaptez un best-seller du Flamand Dimitri Verhulst. Il décrit un univers familial très dur, avec des personnages hauts en couleur. Comment ne pas tomber dans la caricature en transposant ce monde à l’écran ?
Félix Van Groeningen : Je savais depuis le début que le risque était là, ce qui en faisait un challenge. Le livre est très drôle, mais de voir ça "en vrai" risquait d’être trop anecdotique. On devait croire aux personnages, commencer à les aimer : en écrivant le scénario, j’ai véritablement essayé de les développer. J’ai fait le casting un an en amont, car j’aime utiliser les acteurs le plus possible pour que les personnages de papier deviennent de véritables personnages à l’écran. Et puis le montage est très important pour tenir l’équilibre : lors du tournage, il faut aller le plus loin possible, et ensuite doser à tête reposée.

Comme dans la scène de baston entre le père et son fils…
Elle a été très difficile à tourner. C’est un adulte qui agresse un jeune ; tout le monde sait bien que c’est joué, mais ça semblait tellement vrai qu’on a dû arrêter en plein tournage. Les acteurs et toute l’équipe étaient très émus... Mais en revoyant les images, j’ai trouvé que ça fonctionnait moins, le ressenti vécu lors de la prise n’était pas là, on voyait clairement que l’acteur tapait à côté. On l’a donc retournée, en essayant d’aller encore plus loin : j’ai demandé à Kenneth [le jeune acteur qui interprète Gunther Strobbe, NdlR] de jouer la prise en pleurant, et on l’a faite trois fois de suite sans s’arrêter. Je vais mettre ça sur le DVD, vues la force et l’émotion dégagées.

Finalement, il faut donc arriver à doser entre l’ironie et l’empathie, comme le fait très bien l’émission Strip-Tease. C’est une de vos références ?
Tout à fait. Un reportage m’avait marqué. Il s’intitulait "Les Aventures de la famille De Becker", une grande famille qui habitait dans une toute petite maison. Quand j’ai commencé à écrire le scénario, j’avais tout de suite cette référence visuelle en tête. J’ai essayé de capturer l’ambiance : j’ai montré le film à toute l’équipe pour les fringues, les décors… On peut penser que ça fait trop mais il faut voir le reportage pour le croire !

Quel regard portez-vous sur le cinéma flamand, vu en France comme beaucoup plus underground et moins intellectuel que le wallon ?
Ça fait très peu de temps que l’on arrive à sortir un nombre conséquent de films de qualité. Notre force est dans la diversité : il y a des films très commerciaux qui cartonnent dans la Belgique entière (et parfois en dehors), et d’autres dits d’auteurs pour un public art et essai qui trouvent leurs chemins dans le circuit des festivals. On a donc de l’avenir !

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