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Les enfants du massacre

Film d’horreur séminal ayant connu suites, remakes et suite de remakes, "Massacre à la tronçonneuse" se voit consacrer un Épouvantable vendredi à l’Institut Lumière… qui, dans la foulée, accouche d’un petit frère : L’Épouvantable bis. Christophe Chabert

1974. L’Amérique est encore embourbée dans le conflit vietnamien. Son cinéma connaît un âge d’or avec l’apparition du Nouvel Hollywood, une génération de cinéastes qui revendiquent leur liberté créative face à une industrie vieillissante. À l’ombre des Scorsese, De Palma, Coppola, le cinéma d’exploitation est aussi en plein bouillonnement. Depuis qu’un nommé Romero a flanqué un coup de pied réaliste au cinéma d’horreur avec La Nuit des morts-vivants, le genre mesure que l’absence de moyens n’est pas un handicap mais un atout. Tobe Hooper s’empare donc d’une caméra 16 mm et va tourner en plein Texas un «petit» film où une bande de djeun’s se font décimer par une famille d’ex-bouchers devenus cannibales après le licenciement du fils, un gaillard beuglant des onomatopées avec un masque en cuir humain sur la tronche. L’image est sale, les acteurs semi-amateurs, l’intrigue programmatique et l’horreur viscérale, mais Massacre à la tronçonneuse est une bombe. Des premiers plans où de bons Texans armés font la nouba jusqu’à cette (s)cène interminable où un vieillard presque momifié doit assommer d’un coup de maillet une pimbêche hurlante pour en faire le plat de résistance, le film multiplie les séquences paroxystiques jusqu’à un final qui n’est plus que cris et vrombissements, enfer sonore dont les tympans gardent la marque plusieurs heures après la projection.

Un massacre, des massacres

La pérennité du film est évidente : tous les premiers Wes Craven sont nés de la cuisse de ce Jupiter du cinéma d’horreur. Deux décennies après, Rob Zombie s’offrait un palimpseste de Massacre à la tronçonneuse dans son Devil’s rejects. Mais L’Épouvantable vendredi s’intéresse à la descendance directe du film : la suite signée Hooper en 1986, qui délaisse l’esthétique brute de l’original mais en retrouve l’esprit par un méchant coup de boule à l’Amérique reaganienne… Enfin, le remake de Marcus Nispel produit par Michael Bay, qu’on est en droit de trouver inutile et chichiteux. Plutôt que cet héritage-là, touchons un mot sur la naissance de L’Épouvantable bis. Dans la petite salle de la Villa Lumière le 29 janvier, l’association Zone bis (qui programme l’excellent Étrange festival) propose deux films australiens très rares : Le Dernier Survivant de Geoff Murphy, film post-apocalyptique qui nous a laissé un souvenir vibrant depuis sa sortie en 1986 ; et, attention chef-d’œuvre, le génial Ghosts of the civil dead, première œuvre de John Hillcoat (The Proposition, The Road), sans doute le film de prison le plus puissant jamais réalisé. Une soirée simplement immanquable.

L’Épouvantable vendredi : "Massacre à la tronçonneuse"
Vendredi 22 janvier à 20h à l’Institut Lumière.

L’Épouvantable bis
Vendredi 29 janvier à 20h à la Villa Lumière.

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