Expo / La Bibliothèque municipale présente une très belle exposition d'estampes où Picasso, Brauner, Miro et Matisse composent et décomposent avec la figure humaine...Jean-Emmanuel Denave
On ne se lasse pas d'ailleurs de redécouvrir l'art de Matisse consistant à épurer la représentation du corps. Corps résumé parfois à une onde dans la série des «Danseuses acrobates» (9 lithographies de 1931-32), où trois lignes sinueuses suffisent à esquisser l'équilibre d'une danseuse. Cette «puissante» fragilité fait face aux tauromachies plus denses et massives de Picasso... Le corps et le visage ne cessent d'ailleurs dans cette exposition d'être interrogés, dé-figurés, décomposés et recomposés autrement. Le surréaliste Victor Brauner décline sept manières de redéfinir le visage : visages signes, visages géométries, visages labyrinthes, visages embrouillaminis... Ils côtoient d'autres lithographies représentant «Françoise» de Picasso où le visage de la compagne du peintre, frontal et iconique, est littéralement encadré d'une chevelure variant d'une œuvre à l'autre (chevelure tourbillon, chevelure sphérique...). Et à l'emmêlement des cheveux de Picasso répondent de petites œuvres emmêlées et très poignantes de Miro : des figures, des corps, des astres encore, mais reliés ici entre eux par des traits hésitants, chaotiques, zigzagants. Décidément, quelque chose tremble et s'effiloche dans la représentation. «Traits modernes (Picasso, Matisse, Miro, Brauner)»
À la Bibliothèque municipale de Lyon – La Part-Dieu, jusqu'au 30 avril.