Quand le théâtre s'empare de l'histoire contemporaine, il peut parfois faire des miracles. David Hare relate jusqu'à samedi 27 mars au TNP l'après 11 Septembre en donnant la parole à ses plus influants protagonistes. Indispensable. Nadja Pobel
Les personnages de "Stuff happens" se nomment Dick Cheney, Colin Powell, Condoliza Rize, Tony Blair, Donald Rumsfeld ou Dominique de Villepin. Ils parlent de la riposte à donner aux attentats du 11 Septembre 2001. Bush fils est dépeint comme un fou de Dieu imbécile, s'endormant aux réunions, ânonnant quelques borborygmes en réponse à des questions cruciales et riant franchement aux blagues douteuses de son vice-président. L'attitude nonchalante du comédien, sa démarche les pieds «en dedans» est saisissante. Tous ses partenaires sont à ce niveau de crédibilité sans jamais tomber dans la caricature. Ils évoluent comme des pions sur ce plateau vide, parfois ils le quittent, le fuient en silence lorsqu'ils s'embourbent dans des thèses foutraques. Le malaise de Powell, l'absence de position claire de Condy Rize, la grandiloquence de Villepin et la souricière dans laquelle s'est coincée Blair, tout est là. David Hare signe un condensé de ces deux années (2001 à 2003) qui ont vu les Américains mentir au monde pour justifier une guerre qu'ils pensaient légitime. Le théâtre remplit alors pleinement son rôle de médiateur, croyant encore à la force du message qu'il peut transmettre.