Un cinéaste polonais

La venue d’Andrzej Wajda à l’Institut Lumière pour l’hommage qui lui est consacré coïncide avec un moment historique de son pays, la Pologne. Mais l’Histoire et le cinéma ne font souvent qu’un dans l’œuvre de Wajda… CC

Le 29 mai à l’Institut Lumière, Andrzej Wajda viendra présenter son avant-dernier film, "Katyn", retraçant les événements survenus dans la forêt du même nom où l’armée russe exécuta des milliers d’officiers polonais, avant de nier son implication et de faire porter la faute sur les Allemands. C’est seulement avec la perestroïka que la vérité a surgi… Ce mensonge inaugural de l’histoire contemporaine polonaise vient d’être remis en lumière par l’accident d’avion qui a coûté la vie au président en exercice et à une partie de l’élite du pays. Il se rendait en effet à Katyn pour y commémorer le drame. Comme un rébus d’événements qui se tiendraient mystérieusement ensemble, la venue de Wajda à Lyon à l’occasion de la rétrospective de ses films est donc placée sous le double signe de la célébration cinéphile et de l’Histoire ; mais le cinéaste n’a jamais vraiment dissocié les deux, mêlant étroitement travail de mémoire et travail de la fiction.

Chroniques de la révolution

Wajda est, comme d’autres cinéastes polonais sortis de l’école de Lodz — Polanski, bien sûr, mais aussi Has ou Skolimowski — un formidable créateur d’images : son cinéma est d’une grande beauté plastique, les cadres sont toujours précis, la photographie, qu’elle soit en couleurs ou en noir et blanc, qu’elle tire vers l’expressionnisme ou vers un réalisme documentaire, n’est jamais négligée. "Kanal" et "Cendres et diamants", ses deux meilleurs films des années 50, frappent autant par cette ampleur formelle que par la force de leur sujet : respectivement, le soulèvement de Varsovie en 44 et les errements idéologiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dès les premières lueurs de son œuvre, Wajda lie son cinéma à l’Histoire de son pays, et il continuera à le faire durant les décennies suivantes, allant jusqu’à prendre des positions qui le contraindront à l’exil — "L’Homme de fer", tourné pour soutenir les positions de Solidarnosc lors de la grève des ouvriers de Gdansk en 1980, lui permettra de remporter une Palme d’or cannoise à double tranchant. En France, il tentera de prolonger sa réflexion sur l’Histoire en donnant à Depardieu le rôle de Danton, dans un film sombre et étouffant évoquant la Terreur pendant la Révolution — allégorie transparente de la situation de son pays. Son retour en Pologne ne sera pas sans polémique — l’évocation du médecin Korczak dans les camps de concentration, et il faudra attendre le début des années 2000 pour revoir des films signés de sa main dignes de sa grande époque ("Pan Tadeusz" et donc "Katyn", trop peu vu à sa sortie, à redécouvrir absolument à l’Institut Lumière).

Rétrospective Andrzej Wajda
À l’Institut Lumière, jusqu’au mardi 4 mai
Projection de Katyn en présence d’Andrzej Wajda jeudi 29 avril.

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