La fête du cinéma, c'est comme le marché un dimanche en fin de matinée, on casse les prix et il y a foule. Intéressons-nous donc aux grosses pièces importées d'Amérique, aux blockbusters qui envoient du lourd (ou pas), avec un peu de films de genre pour varier notre panier.Jérôme Dittmar
Toujours en salles, on fera l'impasse sur le dernier best seller de Tim Burton, Alice aux pays des merveilles, ou plutôt Alice in Narnialand. Embourbé dans une horrible tartine numérico 3D sans mise en scène ni profondeur de champ, le cinéaste prouve qu'il a décidément un problème avec le réalisme. Pire, vendu à un cinéma mainstream limite nauséabond, il ne reste rien du pseudo rebelle freak. S'il faut donner une friandise aux kids, on lui préférera le sympathique Dragons. En attendant le retour du beaufisant Shrek, le studio Dreamworks montre qu'il est capable d'une certaine élégance et de tenir un récit solide quand il sort (un peu) de ses travers postmodernes. Dans un genre plus mature, il n'y aura pas de honte à goûter au Prince of Persia de Mike Newell. L'adaptation de Jerry Bruckheimerisée du célèbre jeu vidéo frôle le nanar digital de peu, mais y échappe en convoquant le souvenir du magique Voleur de Bagdad de Raoul Walsh. Pas mal. Désert et Moyen-Orient toujours, on fuira en revanche Sex and the City 2, le chick flick de la honte. Sarah Jessica Parker et sa brigade de pétasses botoxées jouant aux impérialistes féministes à Abou Dhabi (où les femmes en Burqa sont évangélisées par Saint Louis Vuitton), c'est vraiment pire que tout.
Bon genre
Rayon genre, on évitera l'indigestion avec le reboot daubé des Griffes de la nuit : bourrin, mal fichu, jamais flippant, drôle ou dérangeant, le pire Freddy de la saga (un exploit). On préféra le remake au ralenti de The Crazies qui avec minimalisme ressuscite la solitude mélancolique des plus beaux Romero. Davantage inspiré par la poésie de Zombie que son modèle chaotico-dialectique, Breck Eisner réussit un petit bijou de maniérisme glacé. Loin d'une Amérique apocalyptique mais également mésestimé, le Robin des bois de Ridley Scott mérite sa chance. Quoique diminué par des problèmes divers (rythme, construction, mise en scène), le film bénéficie d'une agréable dimension feuilletonesque évoquant Les Tudors. D'un héros à l'autre, on pourra aussi faire le plein de super avec Iron Man 2. Même plombé par une surcharge de personnages, d'intrigues et un montage bâclé, le film de Jon Favreau perpétue ce joli classicisme hawksien du premier épisode. Un écrin pour Robert Downey Jr, héritier des Cary Grant et autres acteurs de l'âge d'or. Mais s'il fallait ne garder qu'un film, on prendra comme pièce de résistance l'improbable Agence tous risques. Réussissant rien de moins qu'une synthèse de trente ans de cinéma d'action américain, Joe Carnahan signe un blockbuster jouissif, hilarant, anar et d'une fluidité démentielle. Le film qu'on n'attendait plus. Et si vous cherchez une idée pour le dessert, pourquoi pas le japonais Summer Wars. C'est de saison.