Biennale de la danse 2010

Pendant un mois, Lyon va vivre au rythme de la danse. Passage en revue des grands axes de la Biennale 2010 et des invités de marque qui émaillent sa programmation...Jean-Emmanuel Denave

Une biennale en corps

Pendant un mois, Lyon va vivre au rythme de la danse. Passage en revue des grands axes de la Biennale 2010 et des invités de marque qui émaillent sa programmation...
Jean-Emmanuel Denave

 Côté chiffres, la 14e Biennale de la danse reste incontestablement un événement imposant avec plus de 7 millions d'euros de budget, 57 pièces présentées, 40 compagnies invitées, 34 lieux de représentation et plus de 80 000 spectateurs attendus (84 000 en 2008, même s'il s'agit là du nombre d'entrées et non d'individus différents). On notera aussi le nombre élevé de créations, dix-sept au total, faisant de l'édition 2010 une édition pleine d'inconnues. Côté artistique, Guy Darmet persiste et signe, pour sa dernière Biennale, une programmation hétéroclite, ne défendant aucune chapelle particulière, et passant allègrement du hip-hop au flamenco, de la danse contemporaine la plus âpre aux ballets les plus fleuris, de grandes figures historiques internationales aux chorégraphes locaux moins connus. Dominique Hervieu, qui lui succédera en 2012, devrait d'ailleurs conserver cet esprit ouvert et bariolé à la manifestation... Cette année, la Biennale s'est délestée de toute thématique pour se dénommer et s'exclamer tout simplement “Encore !“, en hommage aux “bis“ du public et pour signifier que l'aventure continuera au-delà du changement de direction. VALEURS SÛRES ET INCERTITUDES
À la lecture de la programmation, saute immédiatement aux yeux le nombre élevé de têtes d'affiches, et, en particulier, de grandes figures féminines. Pina Bausch (1940-2009) qui avait promis à Guy Darmet d'être présente pour sa dernière Biennale, le sera à travers sa compagnie, le Tanztheater Wuppertal, et l'une de ses plus belles pièces, Nelken, créée en 1982. Sur un plateau couvert d'oeillets, une vingtaine de danseurs, deux chiens-loups et quelques cascadeurs s'adonnent à ce mélange, si particulier à Pina Bausch, de danse et de théâtre, explorant sous haute tension les rapports de pouvoir. Citons encore : Trisha Brown qui aura une double actualité dans le cadre de la biennale et d'une exposition au Musée d'art contemporain (voir ci-contre), Maguy Marin avec une nouvelle création au contenu soigneusement gardé secret comme à son habitude, la fougueuse Brésilienne Deborah Colker, Germaine Acogny, Catherine Diverrès, Catherina Sagna... Les grandes pointures masculines ne manqueront pas non plus, mais inciteront parfois à la prudence au souvenir de leurs dernières pièces. Lors de la Biennale 2008, Angelin Preljocaj s'était enferré dans une Blanche Neige esthétisante et creuse. On espère qu'il rebondira avec le Théâtre du Bolchoï dans son adaptation de L'Apocalypse selon Saint-Jean. On souhaite aussi à Alain Platel et à Bill T. Jones de retrouver la folie fébrile ou l'énergie à fleur de peau qui nous ont tellement marqués par le passé, moins dans leurs pièces récentes.

Une biennale dehors

EN EXTÉRIEUR | Dans les années 1960-70, Trisha Brown et d'autres chorégraphes (que l'on classera plus tard sous l'intitulé de “Post-modern dance“) s'échappent des salles de spectacles pour aller danser dans les rues, les parcs, voire sur les façades ou les toits des immeubles.

 Des performances à tous les étages donc, n'hésitant pas non plus à puiser dans le registre des gestes triviaux du quotidien. À la fin des années 1970, Trisha Brown renoue avec les salles et, à 74 ans, fait même l'objet d'expositions dans les musées ! À Lyon, cet automne, on pourra découvrir une rétrospective (dessins, vidéos, installations) consacrée à la chorégraphe au Musée d'art contemporain, plusieurs pièces récentes au Transbordeur dans le cadre de la Biennale, et ses célèbres “Early Works“ (performances dansées) interprétés au Parc de la Tête d'Or... Depuis son édition 2006 “Danser la ville“, la Biennale de la danse invite d'ailleurs régulièrement des chorégraphes à investir l'espace public, forme avant-gardiste devenue aujourd'hui assez courante. Au Parc de la Cerisaie, le Marseillais Daniel Larrieu reprendra son spectacle pour quatre danseurs Marche, danses de verdure, libres digressions sur d'autres façons de cheminer, sentir, contempler, respirer, attendre, ou rencontrer autrui... Dans une atmosphère beaucoup plus urbaine, la Lyonnaise Annick Charlot a jeté son dévolu sur les deux immeubles très impressionnants, signés par l'architecte suisse Zumbrunnen à proximité de la Part-Dieu. Elle a travaillé avec ses occupants et proposera Lieu d'être, un spectacle ancré dans l'architecture et l'histoire sociale d'un quartier. Enfin, n'oublions pas le très populaire défilé de la Biennale qui sera consacré à “la vie en rose“ et se déroulera dimanche 12 septembre de la place des Terreaux à la place Bellecour.

En bref

 Une Biennale off
Le Croiseur (www.scene-7.fr) organise à nouveau cette année une Biennale off des plus étoffées (du 10 septembre au 2 octobre). Le principe est simple : les spectacles sont concentrés sur le week-end, avec des vendredis soirs consacrés au hip-hop et aux danses urbaines, des samedis et/ou des dimanches à la danse contemporaine et à la performance. Au total, une vingtaine de compagnies de Lyon et de la région à découvrir...
Une once de nouveau cirque
Ce qu'il est convenu d'appeler le “Nouveau Cirque“ (et qui est de plus en plus difficile de distinguer de la danse au sens large) fait son entrée dans la Biennale. C'est Mathurin Bolze qui essuie les plâtres avec Du Goudron et des plumes, pièce créée en mars dernier. Cinq personnages s'y trouvent embarqués sur une sorte de radeau aérien pour une escapade au but aussi indéfini que riche en sensations et en émotions...

pour aller plus loin

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