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Draquila - L'Italie qui tremble

Avec ce film-enquête gorgé jusqu’au vertige de révélations scandaleuses, Sabina Guzzanti quitte ses habits de clown pour ausculter les dérives du gouvernement Berlusconi.

La dernière fois qu’on avait vu Sabina Guzzanti, en 2005, elle se faisait la porte-parole téméraire du maintien de la liberté d’expression en Italie – l’ultime séquence de Viva Zapatero ! la montrait au centre d’un immense rassemblement populaire, foutrement rassérénant au sortir de la censure qui venait de la frapper. Quatre ans plus tard, la voici qui débarque à l’Aquila, quelques jours après le tremblement de terre ayant fait plus de 300 victimes, dans son déguisement préféré, celui du redoutable Silvio Berlusconi. Lequel, au moment de la tragédie, est au plus bas de sa popularité, et voit ainsi une terrible occasion de se refaire un semblant de virginité politique. En observatrice légitimement outrée par ce qu’elle ne cesse de découvrir, Guzzanti va suivre le cirque médiatico-politique de la reconstruction expresse, ourdie avec un panache indécent par le Cavaliere, mais surtout les sidérantes corruptions et injustices à l’œuvre derrière ce drame. Improvisée journaliste d’investigation par la force des choses, Sabina Guzzanti aligne les témoignages de toutes opinions (se gardant bien d’arborer les siennes en étendard – nul besoin de surligner ce qui se passe à l’écran) et les faits irréfutables en une mécanique narrative vertigineuse.

« Vergogna »

Tout en suivant la chronologie du calvaire des rescapés de l’Aquila, regroupés dans des camps où on les prive de leurs droits élémentaires, Sabina Guzzanti dresse le portrait peu reluisant de la classe dirigeante italienne et de sa prostitution de la Protection Civile, instance à laquelle, par les miracles des changements législatifs, on a octroyé des pouvoirs démesurés. Un montage sagace, entrecoupé de saynètes animées dont le caractère ouvertement caricatural n’est rien par rapport à la vulgarité politique évoquée, achève d’enfoncer le clou. D’un point de vue cinématographique, cette succession de révélations édifiantes agit comme une tornade émotionnelle testant en permanence la capacité de révolte du spectateur. D’un point de vue documentaire, si certains raccourcis auraient gagné à être approfondis, le film agit comme un uppercut à la portée citoyenne essentielle, dont bon nombre de journalistes officiels devraient s’inspirer. D’un point de vue politique, enfin, Draquila est une démonstration terrifiante des dérives autoritaires d’un capitalisme carnassier, dont l’hypocrisie aura rarement apparu plus flagrante. A cet égard, on vous laisse le soin de découvrir l’incroyable réplique finale, résumant parfaitement la situation politique en Italie comme en France.

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