De Quentin Dupieux (Fr, 1h25) avec Stephen Spinella, Roxane Mesquida...
À la lecture du synopsis du nouveau film de Quentin Dupieux (alias Mr Oizo, talentueux réalisateur du trop mésestimé Steak), une question s'impose : comment une histoire de pneu tueur peut-elle tenir la route (AH AH AH AH AH - pardon) pendant une heure et demi ? Le malicieux auteur nous répond dès la fulgurante introduction, petit chef-d'œuvre en soi. L'un des personnages principaux y assène face caméra un hilarant monologue sur la suspension d'incrédulité au cinéma, avant qu'un contrechamp nous dévoile un parterre de spectateurs sur le point s'assister à la même histoire que nous. Le postulat de Rubber se dévoile de façon moins énigmatique, et pose son ambition de mise en abyme permanente de ce qui va nous être donné à voir. Mais même là, on n'est pas encore totalement rassurés sur la potentielle prétention de l'objet, ce que la suite se chargera heureusement de contredire. Rubber n'entend pas offrir de réflexion définitive sur le 7e art et sa perception, mais joue de la façon la plus ludique possible avec ses codes, sans prendre pour autant le spectateur pour un con - ça aurait été tellement facile de jouer le démissionnaire jusqu'au bout en prenant tout de haut ! Heureusement pour nous, Dupieux garde une pleine conscience du côté exercice de style de son film mais l'aborde avec une lucide humilité, et un humour irrésistible dont le caractère absurde peut sembler trop démonstratif à l'occasion, mais finit toujours pas retomber sur ses pattes. D'autant que le film se targue d'une mise en scène brillante, d'une distribution irréprochable et of course, d'une bande-son ad hoc. Pour conclure sur une note totalement mesquine et gratuite, on peut aisément dire que Robert, le pneu vedette de Rubber, nous a beaucoup plus émus que toute la bande des Petits Mouchoirs réunie...
François Cau