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Quand on arrive en livre !

«Sortir de la page»

Entretien/ Jean-Charles Masséra expose des vidéos, des photographies et des pièces sonores à l'IAC. Propos recueillis par JED

Le son
"Mon exposition à l'IAC correspond à un besoin de sortir de la page. Depuis 1997, je travaille comme auteur de livres ou d'émissions pour France Inter ou France Culture, avec la contrainte du récit. J'ai attendu plusieurs années avant d'expérimenter d'autres choses, et notamment le son qui est, selon moi, très important. Je me souviens que pendant la première guerre du Golfe, l'information ne passait plus par l'image, mais par des «feux d'artifices» avec un commentaire et la prosodie typique de CNN. Une phrase m'a marqué alors : «Selon le Pentagone, les bombardements représentent une fois et demi Hiroshima et 28 civils sont morts». Cette phrase est passée sans problème ; on n'avait pas d'image, mais on nous faisait gober n'importe quoi avec la parole, le son".Influence de l'art contemporain
"Mon travail d'auteur procède plus de l'art contemporain (avec des artistes comme Pierre Huyghe, Vito Acconci, Bruce Nauman...) que de la littérature proprement dite. À partir d'un enjeu esthétique, je cherche la forme ou le médium adéquat, sans m'inscrire dans un genre précis (la poésie, le roman, la vidéo...). Dans ce rapport aux formes, je cherche aussi à faire de l'entrisme en travaillant dans la forme et le langage de l'ennemi". Les «images-textes»
"L'ensemble des images-textes résulte de mon énervement en entendant des phrases à la con. Un directeur de PME qui, par exemple, dit à sa collaboratrice dans un TGV : «Christine, je ne cherche pas des problèmes, je cherche des solutions». J'ai simplement replacé ces phrases dans le contexte où je les ai entendues, ou bien là où j'y ai repensé, en prenant une photographie assez neutre du lieu en question".L'intime
"L'intime et la sphère privée ne sont jamais selon moi séparés de l'économie et du social. Dans «Le mec et la nana qu'ont un peu d'mal à enchaîner», un couple «conscientise» sa situation de manière plus large en utilisant des phrases de Zizek, de Jacques Rancière, Bernard Stiegler..."L'humour
"L'humour n'est pas le but de ce que je fais, mais il fait partie de mon caractère et installe une distance critique. Aujourd'hui, le rire (connoté TF1) est devenu l'ennemi du théâtre contemporain français. Et quand avec Benoît Lambert on a mis en scène mon livre "We are l'Europe", on a été accusés de démagogues, parce qu'on utilisait le langage des jeunes notamment".

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