L'autre cinéma jeune public

À l’ombre des blockbusters américains, des films d’animation à l’économie modeste tentent de se trouver une place pendant les vacances de noël : le joli "Perdu ? Retrouvé !" et le made in France "Une vie de chat". CC

Depuis le succès de "La Prophétie des grenouilles", les studios Folimage de Valence sont devenus une valeur sûre de l’animation française. "Une vie de chat", co-réalisé par Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli perpétue une certaine tradition de l’animation à l’ancienne chère à Folimage. On est ici au sens littéral dans le dessin animé, la feuille Canson et le crayon étant les outils principaux de la réalisation. «À l’ancienne» aussi, le scénario du film, qui décrit dans un Paris fantasmé et touristique les agissements nocturnes d’un cambrioleur dont le lieutenant est un matou agile qui, dans la journée, joue les chats de compagnie auprès d’une petite fille solitaire. De ses parents policiers, ne reste plus que la mère, obsédée par l’envie de venger la mort de son mari. C’est le point le plus discutable du film (avec un détail troublant : une ritournelle sur l’air de "Maréchal, nous voilà !"), son côté Olivier Marchal pour enfants, la vendetta n’étant pas vraiment problématique pour les personnages. Gagnol et Felicioli sont venus au cinéma jeune public par accident, ne pouvant monter un projet pour adultes. Il reste des traces de cette frustration dans le film, qui se laisse regarder même si les dialogues sont un peu trop écrits et les acteurs recrutés pour l’occasion (plutôt bons : Dominique Blanc, Bruno Salomone…) manquent d’expérience en la matière.

Une vie de pingouin

Si "Une vie de chat" s’adresse à de jeunes spectateurs, "Perdu ? Retrouvé !", compilation de trois courts-métrages, vise a priori les plus petits d’entre eux. Et pourtant, ce programme risque aussi de séduire les parents, s’ils laissent leur cynisme au vestiaire. Le premier court, "Pink Nanuq", est un conte bref et amusant à l’animation minimale et naïve. Le deuxième est une petite merveille : "Le Silence sous l’écorce" dissimule derrière une jolie fable sur l’arrivée de l’hiver une expérimentation visuelle qui ressemble à du Jackson Pollock animé : les couleurs explosent dans des fractales effervescentes, les plans se fondent entre eux jusqu’à composer une symphonie visuelle fascinante. Le dernier film, qui donne son titre au programme, est le plus long, et il n’est pas interdit d’y voir un petit chef-d’œuvre : Philip Hunt utilise la 3D pour raconter cette rencontre improbable entre un pingouin en villégiature dans une ville côtière anglaise et un petit garçon agacé par ce visiteur encombrant. Il entreprend de le ramener sur sa banquise natale, mais au fil de la traversée, l’amitié va se nouer jusqu’à un final assez bouleversant. La voix-off est didactique et l’animation n’a pas la grâce d’un Pixar, mais cela ne gomme pas la qualité de ce film pas si petit que ça.

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