Les Émotifs anonymes

De Jean-Pierre Améris (Fr, 1h20) avec Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde… Sortie le 22 décembre

Au jeu de la comédie française sous influence Lubitsch, Jean-Pierre Améris s’en sort mieux que Pierre Salvadori avec ses "Vrais mensonges". Pas de quoi grimper au rideau, mais "Les Émotifs anonymes" est sauvé par le côté élève appliqué de son cinéaste, compensant une écriture parfois pataude par une mise en scène rigoureuse et une direction artistique correcte (sauf la musique, insupportable). On n’est pourtant pas sûr de bien comprendre pourquoi Améris a placé cette rencontre amoureuse entre deux timides maladifs dans un environnement volontairement rétro et désuet, comme si un Jean-Pierre Jeunet se piquait de réalisme et abandonnait ses focales et ses pots de ripolin numériques. Pour souligner qu’il fait une comédie à l’ancienne ? Par peur de la modernité (il faut dire que quand une webcam débarque dans le cadre, c’est rencontre du troisième type) ? Il y a pourtant quelque chose de furieusement moderne dans le film : le jeu éblouissant de Benoît Poelvoorde. Jamais l’acteur n’avait à ce point osé faire rire de ses failles, de ses névroses et de ses angoisses, tout en conservant son incroyable instinct comique, ce timing parfait et cette gestion magistrale des ruptures. Sa partenaire Isabelle Carré a du coup l’air de ramer derrière ce monstre de comédien, qui justifie à lui seul d’aller jeter un œil aux "Émotifs anonymes".
CC

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 21 janvier 2020 « Mes jeunes années (…) / Courent dans les sentiers / Pleins d'oiseaux et de fleurs » chantait Charles Trenet. À ce tableau pastoral, Fabrice Du Welz ajoute sa touche d’intranquillité et de dérangement faisant d’une fuite enfantine une course...
Mardi 15 octobre 2019 Dominick possède depuis l’enfance l’étrange pouvoir de se rendre invisible. Une faculté dont il fait un usage modéré — chaque “passage“ lui coûtant cher en énergie vitale — car elle suscite aussi, surtout, moult quiproquos gênants avec ses proches....
Mardi 3 juillet 2018 Si le script de "Garde à vue" avait eu un enfant avec le scénario de "Inception", il aurait sans doute le visage de "Au poste !", cauchemar policier qui commence par un concert et s’achève par un éternel recommencement. Du bon Quentin Dupieux avec...
Mardi 14 mars 2017 Comment transformer ses mots en images ? Vaste problématique à laquelle tout scénariste se confronte. Pour tenter d’élucider ce mystère et d’initier les (...)
Mardi 29 mars 2016 de Vanja d’Alcantara (Fr./Bel., 1h30) Avec Isabelle Carré, Jun Kunimura, Niels Schneider…
Mardi 15 mars 2016 Pour la troisième fois (après Maman est folle et Des vents contraires), Isabelle Carré se trouve à l’affiche d’une adaptation d’un roman d’Olivier Adam. Dans (...)
Mercredi 2 mars 2016 Le millésime 2016 des plus illustres cinéastes grolandais est arrivé, et il n’a rien d’une pochade : derrière son nez rouge de clown, Saint Amour dissimule une histoire d’amour(s) tout en sobriété.
Mardi 19 janvier 2016 De Quentin Reynaud & Arthur Delaire (Fr, 1h23) Avec Isabelle Carré, Stéphane De Groodt, Alex Lutz…
Mardi 1 septembre 2015 La vérité fait parfois mal à entendre : Dieu est misanthrope, sadique et résident bruxellois. S’épanouissant dans la création de catastrophes, ce pervers se (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X