A fond les manettes - Décembre 2010

Chaque mois, la sélection jeux vidéo du Petit Bulletin. Décembre 2010 : des traces de sang, des traces de pneu, des traces d'encre, des traces de brûlé et des traces de coups. Tout cela, c'est dans notre sélection des jeux qu'il ne fallait pas manquer le mois dernier. Benjamin Mialot

Assassin's Creed Brotherhood
(Ubisoft) – Sur PS3, Xbox 360 et PC
A l'aune du peu de temps écoulé entre la sortie d'Assassin's Creed 2 et l'annonce de ce spin-off et de l'habitude tenace qu'a Ubisoft de produire de belles coquilles vides (Far Cry 2, Prince of Persia, H.A.W.X....), on craignait le pire. Et bien le pire n'est pas arrivé. Au contraire. Déplaçant l'action de Venise à Rome, Brotherhood pousse à leur paroxysme les deux principales qualités de la série. D'un côté sa direction artistique, à l'origine d'environnements parmi les plus vastes et crédibles qu'on ait vus sur les consoles de Sony et Microsoft. De l'autre son gameplay fourmillant et dynamique : de sabotages commandités par Leonard de Vinci himself en rénovations de commerces décrépis en passant par le recrutement et l'entrainement de compagnons susceptibles de vous aider à mettre un terme sanglant à la tyrannie de la famille Borgia, comptez entre 20 et 30 heures de furtivité et d'escalade, avant de vous en remettre au seul aspect multijoueur, stimulante murder party en costumes. Gran Turismo 5
(Polyphony Digital / Sony) – Sur PS3
Impossible de ne pas être déçu par la nouvelle déclinaison du system seller motorisé de Sony. Car après plus de cinq années de développement et une succession de reports d'ordinaire réservés aux vaporwares, on ne pensait pas se retrouver avec entre les mains un jeu aussi mal fini : intelligence artificielle à la peine, gestion des dégâts béotienne, jeu en ligne mal configuré, éditeur de circuits fonctionnant comme un bête générateur... Oui mais voilà, malgré toutes ces approximations, Gran Turismo 5 est un jeu de bagnoles offrant des sensations inimitables. Ceci grâce à l'introduction tant attendue d'effets météorologiques dignes de ce nom, à des bolides si bien modélisés qu'ils sèmeront la confusion entre réel et virtuel dans la tête des inconditionnels de l'émission Turbo, à un contenu inégal mais pléthorique et à un gameplay mi-simulation mi-arcade d'un classicisme éprouvé. Manière optimiste de constater que Gran Turismo n'est définitivement plus à l'avant-garde de sa catégorie ? L'avenir le dira. Epic Mickey
(Junction Point / Disney Interactive) – Sur Wii
C'est peu dire qu'Epic Mickey a fait couler beaucoup d'encre, la faute à son maître d’œuvre, Warren Spector, entré au panthéon vidéoludique avec System Shock, Dark Project et Deus Ex, trois sommets de subtilité dans ce monde de brutes qu'est celui des jeux à la première personne, et depuis incapable d'accoucher d'un bon concept. Bonne nouvelle, Spector a retrouvé son mojo, en faisant sauter le cadenas enserrant les propriétés intellectuelles de Disney comme Austin Powers fait sauter les ceintures de chasteté, c'est-à-dire en projetant Mickey dans un monde aux airs d'enfer pour personnages oubliés, avec pour seules armes un pinceau et du dissolvant dont les effets opposés influent sur le déroulement de l'aventure. Le résultat, porté par une bande-son à tomber par terre, doté d'un cachet visuel à la hauteur des plus célèbres films de la société fondée par Walt et reposant sur des dilemmes moraux comme on ne pensait jamais en croiser dans les aventures de la célèbre souris, est aussi génial qu'inespéré. Divinity II: The Dragon Knight Saga
(Larian Studios / Focus Home Interactive) – Sur Xbox 360 et PC
D'abord, un mise au point : The Dragon Knight Saga n'est pas une nouveauté à proprement parler, mais une édition remaniée et augmentée de Divinity II: Ego Draconis. Alors pourquoi vous en parler ? Parce qu'il s'agit d'un des tous meilleurs jeux de rôle disponibles sur le marché, statut qu'il doit principalement à ses qualités narratives, synonymes de saillies burlesques et de dialogues lettrés à même de filer un petit pincement au cœur aux nostalgiques des studios Black Isle et Troïka Games. S'ajoutent à cela une durée de vie colossale, surtout au regard du prix demandé (une soixantaine d'heures pour même pas quarante euros), une partie graphique convaincante à défaut d'être renversante et la délicieuse impression de ne jamais être pris par la main, ni au moment de personnaliser son avatar, ni dans les phases les plus musclées de l'aventure. Bref, amateurs de challenge et de bons mots, ne faites pas l'impasse sur ce discret chef d’œuvre. En plus on peut s'y transformer en dragon, si ça c'est pas la classe. Blazblue: Continuum Shift
(Arc System Works) – Sur PS3 et Xbox 360
Break Burst, Distorsion Drive, Astral Heat, Guard Crush, Rapid Cancel.. Ça, ce n'est qu'une infime partie du jargon qu'il convient de maîtriser pour tirer le meilleur du nouvel héritier spirituel de la saga Guilty Gear, bien connu des amateurs de versus fighting pyrotechnique et technique tout court. Mais l'investissement est à la hauteur de la récompense. Car ils sont rares les jeux ménageant aussi bien la chèvre et le choux, l'excellence esthétique (animations d'une fluidité exemplaire, casting bigarré et attachant, décors archi-détaillés) et l'exigence ludique (styles de combat variés, rythme endiablé). Témoin de la diversité d'un style trop souvent cantonné à Street Fighter et Tekken, Blazblue: Continuum Shift mérite autant l'attention des néophytes, cibles privilégiées du didacticiel et de la série de défis embarqués par cet opus, que celle des vétérans de l'épisode précédent, Calamity Trigger, les nouveautés injectées ici par les prodiges de la 2D d'Arc System Works étant pour le moins significatives. L'indé du mois
Super Meat Boy
(Team Meat) – Sur Xbox 360, Wii et PC
Allergiques à l'apprentissage par l'échec, prenez vos jambes à votre cou et fuyez sur les mains sans vous retourner, Super Meat Boy en a après votre patience et votre stabilité nerveuse. C'est en effet peu dire que venir à bout de cette version commerciale de l'un des jeux de plates-formes en Flash les plus acclamés de son temps relève d'un travail herculéen. Derrière leur minimalisme de façade (des pixels et deux boutons, un pour courir, l'autre pour sauter), les aventures du petit bout de viande humanoïde se déclinent en plusieurs centaines de niveaux à l'architecture de plus en plus retorse... que vous pourrez, en remplissant certaines conditions, revisiter avec une grosse dizaine de protagonistes aux propriétés différentes. C'est énorme oui, mais très digeste, non seulement grâce à l'humour ravageur dans lequel baigne l'ensemble (références geek à foison, scénario concon-trash façon Super Mario Bros revisité par Robot Chicken, bruitages peu ragoutants), mais surtout grâce à la précision irréprochable de ses mécanismes. Et aussi...
Need for Speed: Hot Pursuit (Criterion / Electronic Arts – Sur PS3, Xbox 360 et PC) : Où le studio Criterion, en revenant aux sources (pilotes roulant sur la loi contre flics) d'une série en déclin depuis une bonne demi-douzaine d'années, confirme qu'il est imbattable en matière de conduite automobile arcade. Grisant, maniable et ne pétant jamais plus haut que son pot d'échappement, Hot Pursuit déboite. Call of Duty: Black Ops (Treyarch / Activision – Sur PS3, Xbox 360 et PC) : Certainement pas l'épisode qui mettra d'accord les détracteurs et les fans de la franchise, mais ce qui se fait de mieux en matière de FPS à grand spectacle (i.e. court mais intense, dirigiste mais immersif). On le déconseille cependant au prix fort, à moins d'être certain de rentabiliser son versant multijoueur, pour le coup tip top. Two Worlds 2 (Reality Pump / Topware Interactive – Sur PS3, Xbox 360 et PC) : Un jeu de rôle perfectible sur de nombreux points (interface décourageante, trame guère excitante, doublages français nuls à s'en percer les tympans avec le jack de son casque...), mais qui mérite sa place en ces colonnes grâce aux sentiments de liberté, de dépaysement et de progression qu'il procure. Le tout est de s'accrocher. Sonic Colours (Sonic Team / Sega - Sur Wii et sur DS) : Pour le dire vite, Sonic Colours est au hérisson bleu ce que Super Mario Galaxy est au plombier de Nintendo. C'est-à-dire un titre qui, non content de respecter le feeling supersonique des premières apparitions de son héros, bénéficie d'innovations bien senties (les pouvoirs spéciaux en tête). Tout n'est pas encore parfait (durée de vie insuffisante, passages 3D hasardeux), mais le plaisir est au rendez-vous. Donkey Kong Country Returns (Retro Studio / Nintendo – Sur Wii) : Dans l'art de faire du neuf avec du vieux, Nintendo a toujours eu une longueur d'avance. En voici une énième preuve : à la fois raccord avec ses origines (fun immédiat, difficulté corsée, level design plus-inspiré-tu-meurs) et dans l'air du temps (mode coopératif, prise en compte de la profondeur de champ), Donkey Kong Country Returns est un incontournable du jeu de plates-formes. Majin and the Forsaken Kingdom (Game Republic / Namco Bandai – Sur PS3 et Xbox 360) : Le plus bel outsider de cette fin d'année riche en sorties de gros calibre. Contant la lutte d'un voleur et d'une créature forestière de légende contre des ombres maléfiques, Majin and the Forsaken Kingdom a techniquement une génération de retard mais cloue le bec par son design enchanteur et l'évolutivité d'un gameplay ménageant avec bonheur action, infiltration et tactique.

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