Théâtre / Sur un plateau nu, dans un dispositif bi-frontal, Christian Schiaretti exhume au TNP "La Célestine", un classique de la littérature espagnole du XVIIe siècle méconnu en France. Une tragi-comédie fleuve et convaincante. Nadja Pobel
Christian Schiaretti s'en fait le messager. Comme dans nombreuses de ses créations précédentes, il ne s'encombre pas d'éléments de décor superflus mais laisse le plateau grand ouvert à ses comédiens (dispositif en bi-frontal) sur lesquels repose grandement son travail. Tout est dit, les apartés bien sûr, mais aussi les annonces des actes dans la 2e partie, les indications de contexte et même ce que les comédiens se susurrent. La troupe de comédiens, et notamment une Hélène Vincent (Célestine) furibarde, s'approprient cette langue qui oscille entre crudité et raffinement. C'est encore aux comédiens que revient de nous faire croire qu'un mur les sépare lorsqu'ils se rapprochent sans se voir, à eux encore de feindre qu'ils tombent du haut d'un toit alors que sous nos yeux s'opère une roulade à l'horizontale. Les procédés de mise en scène peuvent sembler roublards voire un brin faciles, mais ça marche ! L'illusion fonctionne à plein. Seul bémol : quelques coupes dans le texte auraient permis au spectateur de garder une concentration totale tout au long de ces 3h40 et d'ainsi mesurer la force et la noirceur du monologue final.