Les «micro interventions» de Sumakshi Singh

Contrechamp / Les «micro interventions» de Sumakshi Singh (née en 1980 à New Dehli, formée à Chicago, enseigne aux États-Unis) JED

L'exposition Indian Highway a une dominante monumentale et présente une grande «densité visuelle». Au deuxième étage du Musée cependant, on découvre tout à coup et à contre-courant une salle blanche qui semble totalement vide ! Après un certain laps de temps, on distingue ici et là une prolifération discrète de petits éléments plastiques, ainsi que des fissures, des trous, des brèches. Des vidéos sous le plancher, des morceaux de fresques italiennes et d'annonciations, des anges dissimulés, des petites fleurs, des renflements organiques... Voir ce qu'on ne regarde pas
«J'ai toujours créé à partir de l'histoire et de l'espace concret du lieu où je me retrouve», nous confie l'artiste. «Mes micro-interventions ont débuté à Chicago où j'ai vécu huit ans. Contrairement à l'Inde, à Chicago tout semble parfait : la taille des arbres, la forme des maisons, l'état des murs... Je me suis intéressée à ce qu'on ne regarde pas, à ce qui prolifère en dehors des lieux balisés et des systèmes de valeurs formelles, à l'herbe qui pousse entre les dalles, à tout ce qui est fragile, petit, insoupçonné. Pour mon intervention à Lyon, je suis partie de sources d'inspirations très européennes, et de l'importance de l'art religieux notamment, des fresques et des images de Cimabue et de Giotto par exemple. Mes micro-interventions ici visent à dire combien les choses sont fragiles, que ce soit dans l'ordre de la nature, de la culture ou de la religion. À montrer aussi comment on construit et on reconstruit des histoires tout le temps». Rhizome
Dans l'univers de Sumakshi Singh, quasi invisible à l'œil fainéant ou à l'œil formaté (c'est souvent le même), prolifèrent tout un devenir végétal, toute une poésie d'images ébréchées et rejouées en figurines, vidéos, fragments. Tout un rhizome deleuzien de l'entre-deux, du bord, du devenir imperceptible. L'artiste parle, elle, de «rencontres phénoménologiques déconcertantes pour questionner le permanent et l'éphémère, l'objet et l'image..., tout en critiquant la notion d'univers figés et en exposant les fragiles présupposés sur lesquels le sens se construit».

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Vendredi 25 février 2011 Sur deux étages et 2000 m², Indian Highway propose un vaste panorama de l'art contemporain indien à travers les œuvres d'une trentaine d'artistes. Une exposition foisonnante, dense et impressionnante. Jean-Emmanuel Denave

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