Le retour du blaireau

Musique / Icône pop des 80's et 90's, Lloyd Cole revient, sans ses Commotions, mais avec 50 ans au compteur, rejouer ses grands tubes en acoustique et en version bluegrass. Trop Cole. Stéphane Duchêne

Il fut une époque lointaine, celle des tatoo, tam-tam et autres be-bop, où, pour écouter de la musique gratuitement, il fallait compter sur le bon vouloir du directeur des achats de la médiathèque locale et attendre patiemment son tour. C'est ainsi – qu'il nous soit permis de compter cette anecdote – que l'auteur de ces lignes partit un jour quérir le dernier opus en date de l'Écossais Lloyd Cole (son album éponyme barré d'une croix, sorti en 1990) à la médiathèque de Rombas (Moselle). Tout ça pour se voir gratifier par le metalleux qui arrondissait ses fins de mois à l'accueil-disque, d'un : «Lloyd Cole, c'est de la musique de blaireau, ça non ?». La carrière de Bernard «le Blaireau» Hinault étant alors achevée depuis quelques temps, la remarque n'avait alors plus rien d'un compliment (même si on était venu en vélo). Mais de la part d'un type qui se faisait des permanentes, elle glissait sur le galbe de notre indifférence feutrée. Et puis à l'époque, le Lloyd c'était quelqu'un. Avec ses Commotions, il avait importé dans le Nord de la Grande-Bretagne, comme d'autre l'avaient fait avec la soul, les guitares carillonnantes des Byrds. Mais au service d'une pop plus nuageuse, revêche et un rien poseuse qui enchaînait les tubes ("Perfect Skin", "Rattlesnakes", "Are you ready to be heartbroken ?" et on en passe). Bad Vibes
Avec ses inflexions de voix et ses joues de poupons mal rasé, Lloyd Cole faisait craquer les filles, mais n'en était pas moins un compagnon de lose pour les gars. Un type que la tentation du romantisme ne vaccinait pas contre le cynisme (le blaireau est agressif). Barré à New York après deux albums avec les Commotions, Cole enchaîne alors en solo les albums inégaux. Les atrabilaires "Lloyd Cole" et "Bad Vibes" (horrible) précédant respectivement le magnifique "Don't Get Weird on Me Baby" et "Trigger Happy", album de l'apaisement. Il sort alors du rang, n'intéresse plus grand monde, malgré des albums honnêtes ("Antidepressant", "2006"). Mais rien de tels que les vieux tubes pour remonter sur scène. Également passionné de musique américaine, l'Écossais a donc eu, allez savoir pourquoi, la folle idée, de monter un petit ensemble bluegrass, cet ancêtre du folk américain, pour revisiter sur scène sa riche carrière. De ce qu'on en a vu sur vidéo, le fan qui attend les tubes de sa jeunesse en version ripolinée sera déçu. Mais à 50 ans, le cheveu gris et des joues à faire pâlir Isabelle Adjani et Evelyne Thomas, Lloyd Cole n'en a que faire. Demandez à Bernard Hinault, depuis quand les blaireaux se préoccupent-ils de l'opinion des autres ? Lloyd Cole Small Ensemble
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