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Son nom est trouble

C’est tout auréolée de la réussite de son dernier album “101“ que Keren Ann viendra nous rendre visite au Théâtre antique de Fourvière le 25 juillet. Regard sur le parcours de cette chanteuse à l’irrésistible fragilité. François Cau

Si l’on se cantonnait à des éléments disparates de sa biographie artistique, on aurait de furieuses raisons de ne jamais Ô GRAND JAMAIS prêter ne serait-ce qu’une oreille à la production discographique de mademoiselle Keren Ann Zeidel. Elle débute sa carrière en 1998 en campant une agent du Mossad dans K d’Alexandre Arcady, certes l’un des moins mauvais films du terrible réalisateur, mais tout de même. L’année suivante, elle bifurque sur la voie musicale et décroche un premier succès public au sein de son groupe Shelby avec le single 1+1, dont les fortes résonances post-adolescentes pourraient se résumer à travers les paroles «La Terre tourne comme une orange amère, je peins en vert l’univers». Plus récemment, son nom s’est retrouvé dans la liste des soutiens publics à la création d’Hadopi, aux côtés de M Pokora et Camaro. On en profite pour rappeler à quel point la primauté de l’anecdotique nuit gravement au bon sens critique, et une fois mises de côté ces informations, on encourage fortement à plonger dans la discographie de Keren Ann. LES PROMESSES DANS L’OMBRE
D’ailleurs, si l’on voulait apporter des gages de qualité pour sa défense, on citerait illico sa collaboration au long cours avec Barði Jóhannsson, chanteur de l’excellent groupe pop électro islandais Bang Gang, pour le projet Lady & Bird. Le dernier album en date (La Ballade of Lady & Bird, 2009), bande-son symphonique pour enfants jouant avec des animaux morts un après-midi berlinois vaguement ensoleillé, devrait convaincre les plus rétifs aux atmosphères sonores folk ouatées. Sa reprise de Suicide is painless en binôme avec Jóhannsson ou de Life on mars seule (sur la compilation tribute We were so turned on) sidèrent par leur audace tranquille (sa récente réinterprétation du Je fume pour oublier que tu bois de Bashung impressionne moins, cela dit). Et sa carrière solo, sous la prime tutelle de Benjamin Biolay (co-auteur avec elle de son premier album, La Biographie de Luka Philipsen, et toujours avec elle du Chambre avec vue d’Henri Salvador), dévoilera une interprète à la personnalité musicale marquée, aux compositions solides et affirmées, dans une esthétique musicale qui a une trop fâcheuse tendance à attirer à elle des artistes par trop évanescentes. Dans La Disparition (2002), Keren Ann se jouera avec grand brio de l’écueil des ballades susurrées, avec un Biolay toujours aussi taquin aux orchestrations. Nolita (2004), premier disque enregistré sans monsieur BB, ira encore plus loin dans la douceur, les complaintes pop heurtées, cette impression qu’on est le seul à qui Keren chuchote ses secrets. FORCE TRANQUILLE
En 2007, avec la sortie d’un album qui porte son nom, Keren Ann prend un virage dans sa carrière musicale. Elle ne se met pas non plus au speed garage ou à la jungle breakcore, entendons-nous bien, mais à un son plus affirmé dans ses penchants pop-rock, dont l’intimité se fredonne désormais exclusivement en anglais. Une direction qui se confirmera avec 101, sorti en février de cette année : limpide, d’une efficacité de plus en plus avérée, le disque trimballe dans des états d’âme à la fois proches et distants, et la fragilité de l’interprète n’a jamais été exprimée avec autant de suave assurance. Le clip de son premier single tubesque à souhait, My name is trouble, nous dévoile une Keren Ann exécutant une chorégraphie pateline, dotée des improbables coiffure et look d’une Mireille Mathieu 2.0 (en fait, il s’agit d’un hommage au personnage de Purdey dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir, mais certaines images sont atrocement tenaces). À l’image de ce clip, l’écoute intégrale de l’album donne la fugace sensation d’un exercice d’auto-parodie un rien distancié, mais performé par une artiste en pleine possession de ses moyens vocaux comme de son écriture. My name is trouble fait presque figure d’exception acidulée dans un ensemble qui suinte le spleen d’un bout à l’autre. Même dans ses moments a priori lumineux, jusqu’au morceau final qui donne son nom à l’album, liste infinie d’éléments supposés biographiques plaquée sur une instru électro-décadente à la Giorgio Moroder. Keren Ann n’a pas totalement accompli sa révolution, elle peut encore s’autoriser à tourner en rond, surtout si ses cadeaux ont toujours l’air aussi attentionnés.KEREN ANN (+ BRYAN FERRY)
Au Théâtre antique de Fourvière
Lundi 25 juillet

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