Toute la lumière sur Lumière

On connaît enfin la programmation complète du festival Lumière, et notamment celle de l’hommage rendu à Gérard Depardieu. Quelques bonnes surprises figurent aussi dans la liste des films et des invités. Christophe Chabert

Après un été d’attente fébrile, la voici, la voilà : la liste complète des films et des événements (mais aussi, déjà, un certain nombre d’invités) du prochain festival Lumière. À commencer par le film d’ouverture projeté à la Halle Tony Garnier. Surprise, ce ne sera pas un classique mais un film tellement récent qu’il n’est pas encore sorti. On peut comprendre le choix de The Artist, l’hommage de Michel Hazanavicius au cinéma muet américain des années 30, dans lequel Jean Dujardin joue un acteur star soudain bousculé par l’irruption du parlant ; on peut aussi discuter la qualité du film, plaisant dans sa première demi-heure, laborieux par la suite, la faute à un scénario qui semble avoir été écrit à l’époque ; on peut enfin s’interroger sur les problèmes économiques posés par cette séance — sur ce point, la réponse de Thierry Frémaux est très claire (lire ci-dessous). Six jours plus tard, au même endroit, le festival s’achèvera avec la projection de Cyrano de Bergerac, pour lequel Depardieu (comme Dujardin cette année) avait obtenu le prix d’interprétation masculine à Cannes, et qui est effectivement un des sommets de son travail d’acteur. Le film de Rappeneau se regarde toujours avec plaisir, mais niveau rareté, il faudra chercher ailleurs. Idem pour le film choisi le soir de la remise du Prix Lumière : La Femme d’à côté de François Truffaut, pour lequel on a des sentiments mêlés, tant ce beau mélodrame romanesque a donné naissance à un courant agaçant du cinéma français (les derniers Honoré ou Mia Hansen-Love, pour les plus récents)

L’homme-cinéma

La rétrospective Depardieu emprunte toutefois des chemins de traverse inattendus. On avait souhaité dès le départ la projection de son Tartuffe, dont il a signé la réalisation et qui avait presque disparu depuis sa sortie en 1985 ; ce sera chose faite. Bonheur aussi avec les séances exceptionnelles de 1900, la fresque de Bernardo Bertolucci sur la montée du fascisme italien, qui sera montrée dans son intégralité et qui marque la rencontre au sommet entre Depardieu et De Niro. Encore plus rares, deux films s’adresseront aux cinéphiles hardcore : La Nuit tous les chat sont gris et Pas si méchant que ça. À l’inverse, Le Choix des armes, polar exemplaire d’Alain Corneau, Loulou, un des maîtres films de Pialat et son chef d’œuvre, Sous le soleil de Satan, le très puissant Danton de Wajda et le formidable Préparez vos mouchoirs de Blier font figure d’essentiels de sa carrière. Plus étonnant, le festival projettera Le Visiteur, le dernier film de Satyajit Ray, que Depardieu avait produit avec Jean-Louis Livi. Tout cela donne une image assez forte de Depardieu en homme-cinéma, prêt à toutes les aventures, souvent au rendez-vous des grands cinéastes. Une belle rétrospective, donc. Les yakuzas et le Toro
Bonne surprise aussi avec le programme «5 chefs-d’œuvre du cinéma yakuza», dont l’intitulé ne ment pas : trois films éblouissants de Kinji Fukasaku (Combat sans code d’honneur, Guerre des gangs à Okinawa, Police contre syndicat du crime), un autre plus récent d’Hideo Gosha (Femmes de Yakuzas) et un dernier, signé Masajiro Shinoda (Fleur pâle) ; que du bon ! Si la restauration de Cléo de 5 à 7 ne sera finalement pas prête pour qu’Agnès Varda vienne la présenter, deux films arrivent avec des parrains de choix : La Loi de la frontière, polar turc restauré et présenté par Fatih Akin, et surtout L’Île nue, sublime film japonais quasi-muet célébrant la beauté de la nature et le rythme des saisons, qui sera accompagné par le grand Benicio Del Toro. La Nuit de la science-fiction à la Halle Tony Garnier a aussi été un peu modifiée depuis juin : plus de Blade Runner, mais Soleil vert, Le Voyage dans la lune, La Machine à remonter le temps, District 9 et 2001 (grands écarts temporels et esthétiques à prévoir). Dans un festival consacré au passé (du cinéma), rien de tel que de terminer par des films qui parlent du futur (de l’humanité).

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