Musique / Pour l'ouverture officielle de sa saison, le Transbordeur propose une soirée riche en bizarreries. À commencer par son intitulé Rising Dawn, qui sonne un peu comme le nom d'une opération militaire américaine. Ce qui est d'autant plus savoureux que le plat principal en sera du Omar. Syrien le Omar. Blague à part, l'occasion rêvée pour ceux qui ignoraient l'existence du musicien Omar Souleyman de découvrir un véritable phénomène, sosie croisé de Yasser Arafat et Saddam Hussein, avec keffieh, moustache et lunettes noires de bogoss'. Auteur de près de 500 cassettes dans son pays où le mp3 ne s'est pas encore...euh … démocratisé, ce musicien pas vraiment traditionnel, star des souks et des mariages (d'où proviennent la plupart de ses enregistrements) est devenue la nouvelle idole folklorique de l'Occident branché. Grâce en soit rendue aux défricheurs «outre-mondistes» de Sublime Frequencies, label de Seattle capable de vous dénicher une popeuse prodigieuse au fin fond du Myanmar. Depuis, même la sorcière, pardon, la fée Björk, et le NME, magazine british faiseur/défaiseur de tendance musicale, se sont entichés du prodige. Il faut dire que la musique d'Omar Souleyman, qui offre avec Jazeera Nights un florilège de prestations live épicées, est un puits sans fond : mélange de dabke, une musique traditionnelle d'inspiration turco-kurde et de choubi (doo-wah ?) irakien. Car dans toute sa folie, Souleyman dope la bête à coups de synthétiseurs mal branlés et de rythmiques anaérobies propices à une danse de St-Gui très "Yala!". Entre tradition lo-fi et modernité toute relative, Souleyman explore ainsi des territoires extra-terrestres, propres à rendre folles nos têtes chercheuses pop ou électro occidentales, toutes en transe à l'écoute des tribulations de ce drôle de Omar. Stéphane DuchêneOmar Souleyman + Vophoniq + Pan Pan Pan + Renart + Weirdd
Au Transbordeur
Vendredi 16 octobre
«Jazeera Nights» (Sublime Frequencies)
