«Suce ma bite t'auras des frites !», «Kadafille», «J'adore ta chatte ! Je te bouffe l'abricot (chants tamouls)»... Tels sont certains des calembours ou des propos contenus dans les œuvres de Jean-Xavier Renaud. Pas très subtils, me direz-vous... Pire, l'artiste adopte parfois les points de vue les plus régressifs ou réactionnaires. Ses créations se veulent alors sans doute une catharsis de notre veulerie contemporaine ou, tout au moins, un reflet de notre société. Après tout, ce jeune homme de 34 ans, vivant à la campagne dans l'Ain, reprend l'une des fonctions classiques dévolues à l'artiste : représenter le monde. Et dans le monde, il y a notre beauferie, la remontée en flèche des nationalismes, le cynisme généralisé, le cul et ses histoires, le refoulé et ses retours. Il y a aussi la beauté et l'émotion que Jean-Xavier Renaud traite à travers ses paysages relativement sereins, ses «portraits» d'animaux, quelques natures mortes... L'artiste semble, dans tous les cas, créer à fleur de peau, dans l'urgence, utilisant toutes sortes de techniques et de formats qu'il maîtrise avec maestria : de très grandes huiles sur toiles, des aquarelles, des fusains, des encres, du feutre sur papier... Sa virtuosité effrénée et ses passages du coq à l'âne donnent le tournis, tout comme ses accrochages. À la galerie Besson, il a notamment investi une ancienne boucherie attenante et saturé l'espace de ses dessins, des toilettes aux chambres froides, des dessus de lavabos aux moindres recoins cachés. Une œuvre qui a horreur du vide et se mêle de tout, amorale, proliférante, zigzaguant entre le pire et le meilleur.
Jean-Emmanuel Denave
article publi-rédactionnels