La révolution numérique a touché Le Zola et le Festival du film court de Villeurbanne ! Conséquence : une explosion du nombre de films présentés en présélection... Reste à savoir si la qualité de la compétition suivra, mais les à-côtés du festival sont d'ores et déjà impeccables. Christophe Chabert
Annoncée depuis des années, accélérée par la conversion des salles à la projection numérique, le Festival du film court de Villeurbanne va vivre, pour sa 32e édition, sa révolution numérique. Car jusqu'ici seuls les films possédant une copie 35 mm avaient le droit de concourir au sein de la compétition française et francophone. La première conséquence a été l'inflation considérable du nombre d'œuvres présentées au comité de sélection : 800 au lieu des 400 des éditions précédentes. Laurent Hugues, directeur du festival, avait eu beau tenter d'endiguer cette explosion en la limitant aux supports vidéos professionnels et aux films possédant une société de production, rien n'y a fait : la démocratisation numérique et l'auto-entreprise permettent à beaucoup d'amateurs de s'improviser cinéastes. Au final, ce même Laurent Hugues nous avouait que la physionomie de la compétition n'allait pas être affectée par ce boum ; les critères du comité tablent toujours sur l'originalité du regard et de la proposition cinématographique, qui n'a rien à voir avec les conditions de production. Comme un symbole, le gagnant du Grand Prix 2010, Aurélien Vernhes-Lermusiaux, revient en compétition en 2011 avec son nouveau court. Changement donc, mais continuité aussi...
Viens voir les comédiens
La stabilité est de toute façon dans les programmes remarquables qui entourent l'épine dorsale que représentent les diverses compétitions. Ainsi de La Longue nuit du film court qui, après avoir choisi les genres ou les cinéastes comme point commun à sa sélection, a décidé cette année de s'intéresser aux acteurs. Que ce soit les débutants qui, par la suite, feront une carrière prestigieuse (ne pas rater, à ce titre, une rareté de 1971 réunissant le futur trio des Valseuses, Dewaere, Depardieu et Miou-Miou) ou des comédiens confirmés qui vont prêter main forte à de jeunes cinéastes (Omar et Fred allant tourner dans le premier court d'Éric Toledano et Olivier Nakache, auteurs d'un certain Intouchables...), le film court possède parfois des affiches aussi prestigieuses que les longs métrages. Près de chez nous, le Bureau des auteurs de Rhône-Alpes cinéma fonctionne visiblement mieux que celui du long, puisque Le court en Rhône-Alpes annonce un programme prometteur : on guettera particulièrement le court de Carl Lionnet (Quelques ecchymoses) qui, après avoir officié masqué au sein du groupe rock Oslo Telescopic, se lance dans le cinéma avec la bonne idée de distribuer dans son film l'excellent Lionnel Astier. Ce 32e festival a aussi décidé de surprendre : invité de la traditionnelle soirée d'ouverture, Christian Carion, réalisateur de Joyeux Noël et L'Affaire Farewell, a choisi de présenter deux courts mais aussi... un long en avant-première. Pas n'importe lequel, car Bull Head du Belge Mickael R. Roskam a déjà fait sensation dans tous les festivals où il a été présenté. C'est aussi ça, la révolution villeurbannaise : désormais — mais cette fois, c'est vrai — tout y est possible.