Doux Tsamère

Depuis des années, Arnaud Tsamère promène son spectacle «Chose promise» sur les routes de France, mais un coup de projecteur télévisuel lui permet maintenant de jouer dans la cour des grands. Comme ce 31 décembre à l’Auditorium Lumière du Palais des Congrès, une salle à la hauteur de ce petit chef-d’œuvre du one man show. Christophe Chabert

D’Arnaud Tsamère, on ne savait pas grand-chose avant de le voir dans Chose promise. On l’avait aperçu dans la série Hero Corp, on nous avait parlé de sa collaboration avec François Rollin, peut-être avait-on aussi entendu parler de son passé d’improvisateur… Mais c’était à peu près tout. Et pendant longtemps, ce fut le cas des spectateurs. Depuis plus de trois ans, Tsamère tournait son one man show dans des petites salles, jusqu’à ce que le miracle télévisuel puis celui d’internet ne le propulsent sur le devant de la scène. Grâce à l’émission de radio filmée de Laurent Ruquier, d’une médiocrité infinie mais véritable sésame du succès pour les humoristes, Tsamère a enfin conquis le grand public. Ce n’est que justice : Chose promise est un spectacle génial, d’autant plus remarquable qu’il ne cède à aucune des facilités actuelles du one man show comique. Pas de vulgarité, pas de réflexion sur les hommes, les femmes et le sexe, pas de quête d’une identification sociologisante et sondagière ; juste un texte parfait (co-écrit avec Rollin et Arnaud Joyet) et un comédien extrêmement talentueux.

L’humour à mort

Il arrive sur scène en s’adressant au public. Il se présente : il s’appelle Patrice Valenton, il est «professeur de sciences économiques à l’IUT de Vincennes». Ce qui ressemblait à un stand up retrouve illico sa dimension théâtrale. Mais c’est bien un homme sur scène que l’on regarde jouer. Valenton est là pour honorer une promesse faite à son meilleur ami alors que celui-ci était à l’article de la mort : réaliser à sa place son rêve de monter sur les planches. Le problème, c’est que le spectacle n’était même pas une ébauche et que l’ami en question était plutôt du genre à traîner dans les bars (en fait, toujours le même) qu’à la bibliothèque. Chose promise permet donc à Tsamère de croiser brillamment tous les codes de l’humour sur scène : le stand up, le sketch et le récit fictif. Ce n’est pas sa seule audace : il aborde des choses délicates (la mort, mais aussi cette manie de rester lié à des personnes qu’on a aimées enfant, mais avec qui, en grandissant, on n’a plus aucun point commun) sans jamais chercher l’humour noir ou la plaisanterie caustique. De toute façon, Tsamère ne fait jamais rien à moitié sur scène ; au contraire, il décuple sans arrêt son énergie, comme dans cet époustouflant vaudeville où il joue pas loin de vingt-cinq personnages différents. Mais il interprète aussi à merveille le type qui se laisse distraire par sa propre pensée, réfléchissant à voix haute en oubliant que des gens le regardent — c’est son côté François Cluzet. Il sait aussi opérer de spectaculaires détournements, comme lorsqu’il fait rire en imitant tristement tous ceux qui pensent être drôles en récitant les dialogues des Tontons flingueurs. Cet humour-là, fait de ruptures et de contre-pieds, de précision rythmique et de fièvre intérieure, est tout bonnement salutaire. Qu’il trouve aujourd’hui un réel écho public est une excellente nouvelle.

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