Génération X-Y

Si l'on devait voir une revanche de la génération X dans la réédition de quelques monuments du grunge ou du shoegazing – cette musique que l'on joue sans trop y croire en marchant sur sa mèche dans des habits beaucoup trop chauds pour la saison - comme le sublime Nowhere de Ride ou le Loveless de My Bloody Valentine, on en oublierait l'essentiel : la génération Y – puisque le terme est à la mode – a totalement investi les murs de guitare sur lesquels les X allaient s'asseoir les jours d'ennui.

Elle s'y est installée et n'a même pas pris soin de refaire la déco, ni même le ménage. Veronica Falls, comme Girls, les Dum Dum Girls ou les plus sémillants The Pains of Being Pure at Heart, sont de ceux-là.

Il fallait voir en juin dernier, les X s'ébattre comme des poulets sans tête aux concerts de ces derniers aux milieux de Y et même de quelques Z, faisant comme si cette musique leur appartenait, rejouant la vieille citation de l'auteur de Génération X justement, Douglas Coupland : «J'avais la nostalgie de l'événement au moment même où il arrivait».

Veronica Falls, redoutable quartette à guitares à la fois carillonnantes et pluvieuses, signé par le très classieux label Bella Union, incarne à merveille ce sentiment dans lequel dans un monde renversé par la postmodernité le passé est un moment du présent et inversement.

On pourrait ne décrire leur album éponyme qu'en alignant les références : Ride, The Jesus & Mary Chain, The Breeders, The Feelies (ou réécouter l'intégralité des œuvres de ceux-ci) mais l'on pourrait tout aussi bien effacer toute notion de temporalité et prendre Veronica Falls pour ce qu'il est : un groupe aux titres si efficaces qu'il n'a plus d'âge et nous non plus.

Stéphane Duchêne


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