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Quand on arrive en livre !

Sine Mora

Digital Reality / Grasshopper Manufacture - Sur Xbox 360 - 14€

Impossible n'est pas Grasshoper. Après avoir dynamité les codes du beat'em up avec No More Heroes et en attendant de réserver le même sort au bashing de zombies avec Lollipop Chainsaw, le studio du trublion Suda51, secondé pour l'occasion par les Hongrois de Digital Reality, réalise avec Sine Mora un double exploit. D'un côté, il sort de l'ornière un genre, le shoot'em up, qu'on pensait depuis son âge d'or l'apanage de quelques artisans régressifs, Cave en tête. De l'autre, il ressuscite avec la manière la langue morte préférée des juristes.

Car «sine mora», voyez-vous, est une locution latine, traduisible par «sans délai». Nul hasard à cela : dans Sine Mora, c'est principalement de l'inexorable défilement des secondes qu'il faut se méfier. En effet, tant que le chronomètre est avec vous, votre vaisseau est invincible. Laissez le compte à rebours se terminer, et ledit vaisseau finit d'un coup d'un seul dispersé aux quatre vents. Comment empêcher cela ? De trois façons. D'abord en se jouant du feu adverse, le moindre impact sur votre carlingue s'accompagnant d'une amputation de votre capital temps. Ensuite en défouraillant un maximum, chaque kill se traduisant à l'inverse par un regain d'espérance de vie. Enfin en veillant à collecter les recharges que ne manqueront pas d'échapper vos victimes une fois réduites à l'état de débris fumants. Présentée de la sorte, cette pression temporelle peut sembler anecdotique. Dans les faits, elle rend au scoring, ce mécanisme trop souvent relégué au rang de mesure-quéquette, sa juste place de motivateur. D'où gameplay jouissif, d'autant qu'une jauge d'énergie vous offre la possibilité de ralentir l'action (on pourrait appeler ça du bullet hell time). Le procédé est d'ailleurs justifié par un très chouette background contant, de références philosophiques bien senties en coups de théâtre spectaculaires, une guerre littéralement interminable puisque l'une des forces en présence, la vôtre, évite systématiquement l’extinction en remontant le temps. Pour le reste, Sine Mora est d'un très solide et très sain classicisme : 2D à scrolling horizontal, vaisseaux aux pilotes et capacités spéciales bien typés, ennemis vantant par leur surnombre les vertus du taylorisme, bosses colossaux aux patterns de tir kafkaïens, upgrades en pagaille (et qui se comportent comme les anneaux de Sonic en cas d'impact)...

Ce qui achève de l'élever au rang de Gradius et R-Type, entre autres chefs-d’œuvre qui au tournant des années 90 nous firent dépenser des quintaux de pièces de dix francs, c'est sa réalisation. C'est bien simple, rarement (jamais ?) le rendu d'un produit fini aura été si proche de celui de ses dessins préparatoires. Coloré, fourmillant de détails, d'une fluidité exemplaire et servi par un design d'une belle singularité (imaginez une adaptation de Starfox co-signée par le Katsuhiro Ôtomo de Steamboy et le Hayao Miyazaki de Porco Rosso), Sine Mora est un régal rétinien de tous les instants. Dommage, et on terminera sur cet unique point noir, qu'on ne puisse le partager avec un allié.

 

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