Ils ont appelé leur collectif La Meute et ça leur va bien. La troupe (ici neuf acteurs - metteurs en scène) n'a peur de rien. Surtout pas de s'attaquer à des monstres comme Dostoïevski : une somme même pas théâtrale qu'ils avaient déjà triturée avec Le Grand Inquisiteur.
Ils semblent avoir repeint en blanc la salle de l'Elysée uniquement pour le plaisir de la salir. Mais il n'est pas question non plus de tomber dans l'outrance gratuite et simpliste.
Ce théâtre devenu blanc est aussi un temple, une salle vierge où se déroulent tous les combats : celui de la foi contre l'athéisme, de la fidélité contre la trahison.
L'intrigue, aussi féroce soit-elle, est basique et crée un jeu de boomerang où les instincts primaires des uns sont envoyés à la face des autres. La Meute parvient à rendre compréhensible cette saga en accompagnant les découpages de textes de perpétuelles découpes de lumière, de son sur un plateau lui-même aménagé de manière inhabituelle (espace de jeu cerné de spectateurs des quatre côtés).
C'est quand s'installe le récit que le rythme faiblit - notamment avec les personnages féminins - mais jamais bien longtemps jusqu'à un final percutant qui va crescendo. D'entrée de jeu, une heure trente plus tôt, la Meute bousculait déjà : avec un prologue dans le hall du théâtre qui remettait d'emblée le théâtre là où il devrait toujours se trouver, au cœur de son public.
Nadja Pobel