Parfois, chers lecteurs, nous vous envions. Pas parce que vous êtes élégants, distingués, séduisants et cultivés évidemment. Mais nous vous envions aussi parce que vous avez la chance de ne jamais être soumis à ces dilemmes aux faux airs d'évidences dont l'exercice du quatrième pouvoir est fécond. Exemple : fallait-il souligner ainsi le concert de Justice, sachant qu'il affiche complet et que le deuxième album du duo francilien, Audio, Video, Disco, est une douloureuse boursouflure Hard FM ? Oui, avons-nous tranché au terme d'un débat d'une virulence quasi-présidentielle, estimant que cette date constituait, à au moins deux égards, un véritable événement. D'abord parce que †, premier album dudit duo, est toujours cinq ans après le buzz interstellaire qui a accompagné sa mise en rayons (la French Touch 2.0, le clip controversé de Stress), un monument de disco futuriste comme Daft Punk ne savait à l'époque déjà plus en produire. Et surtout parce que ce n'est pas si souvent que l'on peut prendre un bain de loops et de stroboscopes sous les ors, enfin, sous les aciers de la Halle Tony Garnier. Qui a été témoin de la prestation de Birdy Nam Nam en novembre dernier, digne d'une free party des années 90, ne peut que le regretter. Nul doute en tout cas que celle de Justice, dont le souci du détail scénique, de son decorum heavy metal à base d'ampli Marshall lumineux à sa saine habitude de réarranger «à la main» ses compression conquérantes, n'est plus à démontrer, enfoncera le clou.
Benjamin Mialot
Justice
À la Halle Tony Garnier, vendredi 25 mai