Jeudi 31 mai 2012 Palmarès décevant pour festival décevant : Cannes 2012 a fermé ses portes le dimanche 27 mai, laissant une poignée de beaux films, une Palme logique et quelques figures récurrentes d’un film à l’autre. Dernier bilan.
Christophe Chabert

Cette année, le festival de Cannes s’annonce musclé : pas seulement à cause de sa compétition, face à laquelle on nourrit quelques sérieux espoirs, mais aussi grâce à ses sections parallèles, particulièrement alléchantes. Christophe Chabert
Comme on dit dans les films : nous voilà arrivés sur site. Accréditation retirée, premières mains serrées, programme étudié à la loupe et c’est déjà les starting blocks pour découvrir demain matin, à peu près en même temps que vous lecteurs, Moonrise kingdom de Wes Anderson, film d’ouverture de ce 65e festival de Cannes. C’est la particularité de cette édition, et c’est loin d’être une mauvaise chose : les spectateurs pourront découvrir en synchrone avec les festivaliers, quatre œuvres parmi les plus attendues de la compétition… Moonrise kingdom donc, mais aussi De rouille et d’os, le nouveau Jacques Audiard, Sur la route que Walter Salles a adapté de Jack Kerouac, et Cosmopolis, que David Cronenberg a lui tiré de Don De Lillo.
Les 17 autres films de la compét’ procurent quelques beaux frissons d’excitation, à commencer par le quatuor «américain» (même si deux cinéastes sur quatre sont d’origine australienne !) : Killing them softly d’Andrew Dominic avec Brad Pitt, Lawless de John Hillcoat avec un putain de casting d’enfer, Mud, retour surprise de Jeff Nichols à Cannes un an tout juste après la présentation de son extraordinaire Take Shelter à la Semaine de la Critique, et, dans une moindre mesure, Paperboy de Lee Daniels, qui avait commis l’épouvantable Precious. Très attendus aussi, le nouveau Cristian Mungiu, Au-delà des collines, qu’on espère aussi génial que sa Palme précédente 4 mois, 3 semaines, 2 jours ; Post Tenebras Lux du Brésilien Carlos Reygadas, qui s’annonce comme le film expérimental de la sélection ; ou encore L’Ivresse de l’argent, dont on espère qu’il sera mieux reçu que l’opus précédent d’Im Sang Soo, le pourtant brillant The Housemaid. Curiosité aussi pour le retour de Leos Carax derrière une caméra avec Holy Motors, et pour une ultime œuvre d’Alain Resnais, Vous n’avez encore rien vu, précédé d’une très flatteuse rumeur.
Si certains noms peuvent paraître en dessous de ce lot-là (Thomas Vinterberg, l’Autrichien Ulrich Seidl, l’Ukrainien Sergei Losnitza ou encore Hong Sang-Soo, abonné aux va et vient entre les sélections cannoises), il n’est pas dit que Thierry Frémaux ne réalise avec certains ce qu’il avait réussi avec Paolo Sorrentino l’année d’Il Divo : créé la surprise avec un cinéaste qui signerait sans prévenir son meilleur film, bien au-dessus de ses précédents. Cette année-là, le Grand prix était allé à Matteo Garrone, un autre Italien, qui revient en compétition avec Reality. Et dans la série remise en jeu de la Palme, Michael Haneke avec Amour tentera la passe de deux après Le Ruban blanc, tandis que Ken Loach, qui n’a pas vraiment brillé à Cannes depuis sa consécration avec Le Vent se lève, proposera une comédie écossaise avec La Part des anges.
Ça fait déjà beaucoup, mais il se trouve que, si le Hors compétition et les Séances spéciales font moins envie que d’habitude (de Madagascar 3 à un Dracula made in Dario Argento en 3D qui devrait rappeler que depuis quinze ans, il n’a quasiment rien filmé de correct, du moins au cinéma), Un certain regard s’annonce copieux, puisqu’y seront montrés les nouveaux Pablo Trapero, Kervern et Delépine, Joachim Lafosse, Wakamatsu, Lou Ye et Ormibayev, en plus des rituelles découvertes de cette section.
En comme si cela ne suffisait pas, alors que depuis deux ans la Quinzaine des réalisateurs ronronnait d’ennui, voilà que son nouveau délégué Édouard Waintrop a décidé de la réveiller à coups de clairon, proposant des films signés par des cinéastes importants comme le Chilien Pablo Larrain, les Français Bruno Podalydès et Noémie Lvovsky, l’Espagnol Jaime Rosales sans oublier un nouveau Michel Gondry en ouverture — gare à l’émeute ! Enfin, et là on ne se tient plus, la Quinzaine présente en séance spéciale Sightseers, nouveau film de l’Anglais Ben Wheatley, dont le Kill list n’est pas encore sorti sur les écrans français (ce sera chose faite en juillet), mais qui figure déjà dans notre Top 5 des films de 2012. Quant à la Semaine de la critique, un peu moins excitante sur le papier que l’année dernière, elle promet quand même quelques petits événements, comme deux premiers films venus respectivement d’Inde et d’Argentine : Peddlers et Los Salvajes.
À ce stade, le festivalier se pose cette question angoissée : comment faire pour tout voir sans devenir cinglé ? La réponse, on se charge de la donner tout au long de cette quinzaine…
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Jeudi 24 mai 2012 Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas. Elefante blanco de Pablo Trapero.
Mercredi 23 mai 2012 Killing them softly d’Andrew Dominik. Le Grand soir de Gustave Kervern et Benoît Délépine. Holy Motors de Leos Carax.
Mardi 22 mai 2012 No de Pablo Larrain. Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais. La Part des anges de Ken Loach
Lundi 21 mai 2012 Lawless de John Hillcoat. Jagten de Thomas Vinterberg. Like someone in love d’Abbas Kiarostami. Amour de Michael Haneke.
Dimanche 20 mai 2012 Au-delà des collines de Cristian Mungiu. Laurence Anyways de Xavier Dolan. Beasts of the southern wild de Benh Zeitlin
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