The Divine Comedy en solo : hérésie ou idée de génie ? La réponse ici et plus encore aux Nuits de Fourvière, dans le cadre de l'Odéon.Stéphane Duchêne
L'annonce de la venue de Neil Hannon/The Divine Comedy, que l'on n'avait plus vu à Lyon depuis le début des années 2000 provoqua chez le fan de base du Nord-Irlandais une réaction qui se décline ainsi : «Ouuuuaais !!!» suivi de «Hein ? Mais qu'est-ce que c'est que cette blague ?».
«Ouuuuais !!!» parce qu'on allait enfin pouvoir se refaire en live le best-of de l'auteur de Casanova (le disque, donc) et que, comme on connaît nos Nuits de Fourvière, elles allaient nous dégainer l'Orchestre national de Lyon, de Pékin ou même de Vesoul, peu importe, pour aller avec.
Et «Hein ? Qu'est-ce que c'est que cette blague ?» au moment où l'on apprenait qu'An Evening with Neil Hannon signifiait qu'en réalité le petit homme allait se produire en solo à l'Odéon, au piano et à la guitare. Onze ans qu'on n'a pas vu Nilou et il se pointe les mains dans les poches, et pourquoi pas en pyjama ?
Petite précision pour qui n'est pas familier de The Divine Comedy : sa pop aux accents baroques, classiques ou romantiques, faisant la part belle, entre autres, aux arrangements emphatiques, Neil Hannon seul, c'est un peu comme Aimable et son orchestre sans orchestre : il reste Aimable, mais moins.
Malice britannique
Hannon, qui se livre à ce genre de farce scénique depuis la sortie de son dernier album Bank goes the Knighthood, aurait-il perdu la tête à cause d'une méchante crise de la quarantaine ? Un indice en bas de votre écran : il a co-conçu en 2009 un album concept sur le cricket sous le nom de Duckworth Lewis Method. Infirmière !
Et puis on s'est calmé et on s'est souvenu de cet adage selon lequel une bonne chanson reste une bonne chanson, quels que soient les arrangements qu'on y accole – ce qui n'est qu'à moitié vrai, et même souvent faux, mais on se rassure comme on peut.
Mais surtout, on est tombé sur quelques vidéos de la tournée An evening with... et on a pu constater que ce petit génie pourrait nous rejouer son œuvre à la flûte à bec perché sur un tapir, qu'il emporterait quand même le morceau. Même dépouillée de ses ors, de ses cavalcades de violon, de ses envolées lyriques, les chansons du crooner à tête d'oisillon nous font dresser les bras sur les poils (ou l'inverse).
Qui plus est, Neil est suffisamment facétieux et comédien pour ajouter à l'exercice cette malice toute britannique qui fait qu'on ne s'ennuie jamais. Se permettant même, et on en espère, quelques reprises saugrenues telles Short People (Randy Newman), Blue Monday (New Order) ou Don't You Want Me (Human League). Quelle sacrée bonne idée que ce concert, que ne l'a-t-on eue plus tôt !
An Evening with Neil Hannon
À l'Odéon
Jeudi 14 juin