Les musiques électroniques sont, dans bien des métropoles françaises, le parent pauvre de la Fête censée les célébrer. À Lyon, elles en sont plutôt l'enfant gâté.Benjamin Milaot
À Clermont-Ferrand, les musiques électroniques servent de jingles publicitaires à des patrons de bar plus sensibles au tintement de l'or nordique qu'au foisonnement de la scène britpop scandinave.
À Grenoble, où l'on enflamme plus volontiers des bolas que des dancefloors, elles sont tout juste bonnes à raviver chez les étudiants le souvenir des soirées «désintégration» données un mois plus tôt.
À Tulle, elles sont des beats de foires, qu'on fait parader au rythme trépidant d'un petit train touristique.
Quid de Lyon ? Il en va tout autrement : ici, la house, la minimale et toutes leurs copines synthétiques sont autant de Grâces pour lesquelles aucun temple n'est trop beau. Cette année encore, la Ville a ainsi réquisitionné les environs du terrain de Tola Vologe, usuellement dévolu aux entrainements de l'Olympique Lyonnais, pour y installer six remorques sur et aux abords desquels se relaieront de la tombée de la nuit au petit jour des Dj's sélectionnés par des assos aussi notoires que Elektro System, Galacticut, Totaal Rez ou encore Art Feast.
Un peu de name drop avant le bass drop
En tout, il faudra compter avec une dizaine de scènes et à peu près dix fois plus de pousseurs de crossfaders. Impossible de tous les présenter et inutile de vous rappeler en quoi, après toutes les misères que la municipalité a fait subir à cette culture "à hauts risques" au moment de son émergence, un tel déploiement logistique est la moindre des choses.
Aussi se contentera-t-on de vous conseiller d'y guetter plus particulièrement, les sets des inséparables Acid Soda et Wavesonik, de Denise Rules, duo versé dans le bel art de la saturation, du singulier Miso Soup, qui évolue à la croisée de la dance music dite "intelligente" et de la J-Pop neuneu et du docteur ès drum'n'bass et dubstep Asco. Les true rebelz voyant dans cette collaboration entre pouvoirs publics et activistes une relation à peine plus morale qu'un inceste pourront se rabattre sur L'Estaminet K-nar, à la Croix-Rousse, où se produira Flore, la plus britannique des productrices françaises, ou sur le parc de la Tête d'Or, qui verra Basse Résolution, prometteur collectif de techno addicts, photographes et graphistes, souffler sa première bougie. Mais aussi sur le Jardin des curiosités, dans le cinquième (à ne pas manquer, les cocasses et funky Hôtel Particulier), et enfin sur la Marquise, dont la soirée Spank!, consacrée aux sous-genres les plus licencieux de la bass music, devrait donner une bon coup de fouet aux courbes démographiques locales (si la tropical bass de Thug Tieg ne vous donne pas envie de vous frotter contre quelqu'un, c'est que vous êtes un protozoaire).