Coupable, forcément coupable…

En 1961, Elio Petri, jusqu’ici scénariste, signe son premier film en tant que réalisateur, L’Assassin. Débuts prometteurs, même si Petri n’a pas encore abouti pleinement ce qui fera par la suite la force de son cinéma.

Un matin, la police vient arrêter Nello Poletti, antiquaire friqué, hautain et magouilleur (Marcello Mastroianni). On l’accuse du meurtre de sa maîtresse (Micheline Presle), mais lui clame son innocence. Ce pourrait être une fable kafkaïenne sur les méthodes arbitraires de la police (qui en prend pour son grade, toutefois), mais Petri et ses co-scénaristes (dont Tonino Guerra et Pasquale Festa Campanile) ont une autre idée en tête. Car si Nello est innocent du crime dont on l’accuse, chaque retour sur les lieux où il vécut cette liaison révèle une culpabilité plus profonde, plus morale : celle d’un possédant pour qui les femmes n’ont pas plus de valeur que les objets qu’il revend, et qui peuvent donc être sacrifiées si celles-ci troublent le cours de son existence.

L’idée, très forte, de faire de Nello une victime (d’une machine étatique soucieuse d’efficacité) mais aussi un salaud forcé de reconnaître ses torts, circulera ensuite dans les plus grands films de Petri, notamment La Classe ouvrière va au paradis où Gian Maria Volonte passait de petit soldat de la productivité à militant incontrôlable avec la même pulsion individualiste et égoïste. L’Assassin n’a pas encore la rage filmique qui fera la patte Petri ; sa mise en scène est sobre, précise, jouant sur le contraste d’un superbe noir et blanc et le choix de focales courtes qui intensifient la sensation de claustration. Découvert au dernier festival Lumière dans une superbe copie restaurée, le film ressort cette semaine au Comœdia.

Christophe Chabert

L’Assassin
D’Elio Petri (1961, It, 1h38) avec Marcello Mastroianni, Micheline Presle…

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