Aufheben(A Records/Differ-ant)
"Mea maxima culpa", comme disait l'autre – ce pourrait d'ailleurs tout à fait être le titre d'un album de BJM. C'est une faute que de ne pas avoir évoqué cet album avant. Cet album qui comme, l'indique le visuel de sa pochette, devrait être envoyé dans l'espace en direction de toutes les formes de vie extra-terrestres pour leur montrer de quel bois on s'échauffe les oreilles de ce côté-ci de l'univers.
Autrement dit sur cet planète où est né l'homo-antonnewcombus, ici revenu à cette très haute forme de psychédélisme de bon aloi qui a longtemps été sa marque de fabrique. Sans pour autant se démarquer des prétentions expérimentales et soniques de ses disques les plus récents Who Killed Sergent Pepper ? et My Bloody Underground. C'est donc un Anton Newcombe complet, une sorte de bréviaire du Massacre que l'on retrouve sur ce prodigieux Aufheben – d'ores et déjà à ranger parmi les classiques d'une pléthorique et massacrante discographie – où l'on croise instrument orientaux, drones et tout ce que la planète compte de variétés de flûtiaux propres à charmer les serpents ou à faire s'envoler les serpents à plumes – on y entend d'ailleurs des animaux, un coq notamment pour clore le premier titre Panic in Babylon.
On pourrait presque parler de world music, surtout si l'on ajoute que cet amoureux de l'Islande dont le disque porte un titre allemand s'essaie, pas tout seul certes, au finnois (Viholliseni Maala) puis au français (Gaz Hilarant, Illuminomi). Pour le reste, l'art du pastiche psychédélique cher à Newcombe – des Stones à Pink Floyd –, qui donne envie de se servir de ses doigts de pieds comme éventail pour disperser la fumée qui fait rire, est toujours bien présent jusque dans ses titres (I Wanna Hold your other hand, Blue Order New Monday). Mais cette fois peut-être davantage en retrait d'un songwriting post-pop absolument ahurissant, servi par une production aqueuse et une collaboration bienvenue avec Will Carruthers un ancien de Spacemen 3 et Spiritualized, autres rois de l'enfumage.
Brian Jonestown Massacre est grand et Anton Newcombe est son prophète. Qu'un jour la postérité, dont il se fout comme de sa première chtouille, rendra a sa juste grandeur.
Stéphane Duchêne