Animation, documentaires, films d'acteurs et cinéastes inclassables : focus sur les autres événements de la rentrée cinéma.
Rentrée animée
L'explosion du cinéma d'animation à l'échelle internationale se confirme en cette rentrée. La bonne nouvelle, c'est que la concurrence à tendance à booster la créativité. Notamment du côté de Dreamworks avec Les Cinq Légendes (28 novembre), au concept casse-gueule — le Père Noël, le lapin de Pâques, un bonhomme de neige et une fée jouent les super-héros — mais au graphisme intrigant. Il marque aussi la montée en puissance au sein du studio du grand Guillermo Del Toro, directeur artistique de ce film. Tim Burton revient lui aussi à l'animation avec la version longue de Frankenweenie (31 octobre), qu'il a fait produire sans rancune par Disney, les mêmes qui l'avaient viré à l'époque parce que le court original était trop torturé. En France, Patrice Leconte signe son premier film animé, Le Magasin des suicides (26 septembre) et Kirikou revient pour de nouvelles aventures (3 octobre). Mais la divine surprise francophone, c'est le splendide Ernest et Célestine (12 décembre), cosigné par le tandem de Pic Pic André Vincent Patar et Stéphane Aubier, et un jeune réalisateur, Benjamin Renner, sur un scénario diablement original de Daniel Pennac. À la fois ludique, trépidant, intelligent, bourré d'idées loufoques et de trouvailles hilarantes, c'est tout simplement un futur classique du genre.
Le réveil doré du documentaire
Après Tous au Larzac ! et le Journal de France de Depardon et Nougaret, le documentaire confirme en cette rentrée qu'il a sa place sur les grands écrans. Si le sujet n'est pas évident (une enquête sur l'âge d'or du cinéma cambodgien, brutalement disparu avec la dictature khmer), les premières images du Sommeil d'or (19 septembre) de Davy Chou fascinent par leur cinégénie et leur puissance d'évocation. À Cannes, Sébastien Lifschitz présentait sa deuxième incursion dans le documentaire avec Les Invisibles (le 3 octobre), portrait d'homosexuel(le)s né(e)s dans l'entre-deux-guerres et qui ont lutté pour exister dans une société qui les rejetait. Enfin, après son splendide docu sur la grotte de Chauvet, Werner Herzog plante sa caméra dans le couloir de la mort pour y filmer les derniers jours de Michael Perry, condamné à la peine capitale, dans Into the abyss (10 octobre).
Acteurs, cinéastes ou les deux ?
Il y aura bien un nouveau Eastwood à l'affiche d'ici à la fin de l'année sur les écrans mais, petit événement, il ne sera qu'acteur dans Trouble with the curve (21 novembre). Très "Compagnon de la chanson" sur ce coup-là, Clint déclare à chaque film depuis Million dollar baby qu'on ne le reverra plus devant la caméra ; il faut croire que son producteur fidèle Robert Lorenz a su trouver les mots pour le convaincre de rempiler et lui confier la tête d'affiche de son premier film en tant que réalisateur. Ben Affleck, lui, semble se plaire avec sa nouvelle casquette de metteur en scène, puisqu'il signe son troisième thriller, Argo (7 novembre), après Gone baby gone et The Town. En France, on ne compte plus les comédiens qui passent derrière la caméra... Mais on suivra particulièrement J'enrage de son absence (31 octobre), premiers pas de Sandrine Bonnaire dans le long-métrage de fiction après son beau documentaire Elle s'appelle Sabine.
Mal élevés
Ben Wheatley, cinéaste de l'année ? Après son Kill list dément, le réalisateur britannique s'offre une variation en mode mineur avec Touristes (26 décembre), comédie très noire autour d'un couple de prolos anglais qui partent en camping car dans des lieux touristiques bien kitsch du Royaume-Uni, révélant leur dépendance amoureuse mais aussi leurs névroses. Un feel bad movie recommandable. Seth MacFarlane s'est fait connaître avec la série animée Les Griffin ; pour Ted (10 octobre), son premier long, il imagine un ours en peluche lubrique qui boit, fume et drague les filles, au grand dam de son «propriétaire» Mark Wahlberg. Ça a l'air poilant.