article publi-rédactionnels
Pour le spectateur né après 1990, il est difficile d’imaginer ce que représentait Wim Wenders au moment de la sortie des Ailes du désir — en 1987. Il faut dire que depuis, à part ses deux documentaires (Buena Vista Social Club et Pina), le cinéaste s’est lentement égaré, jusqu’à la honte suprême : son dernier film de fiction, The Palermo shooting, n’est sorti à peu près nulle part, malgré une présentation en compétition à Cannes.
Il y a 25 ans donc, Wenders était un super-auteur, personnel et accessible, avec une vision du monde et un sens du spectacle. Paris, Texas, chef-d’œuvre en exil, préparait le terrain de ces Ailes du désir qui, selon son titre original, revenait filmer Le Ciel au-dessus de Berlin. Un ciel en noir et blanc qui surplombe une ville encore coupée en deux, où des anges écoutent les pensées des habitants et tentent de les réconforter. L’un d’entre eux (Bruno Ganz) va tomber amoureux d’une trapéziste qu'il va vouloir rejoindre parmi les mortels, dans un monde en couleurs où la première expérience est celle du sang qui coule sur un front meurtri.
La grâce semble planer (c’est le cas de le dire) en permanence sur ce film, jusque dans ses audaces les plus folles (Peter Falk, dans son propre rôle d’acteur qui joue un épisode de Colombo, et qui confesse avoir lui-même été un ange, avant). Quant à l’exergue, signée Peter Handke, elle a aussi un goût d’éternité: «Als das kind, kind war… Lorsque l’enfant était enfant…»
Christophe Chabert
Les Ailes du désir
Jeudi 13 septembre à 20h au Comœdia, précédé du vernissage de l’exposition «Berlin des anges» de Serge Mouraret
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