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Quand on arrive en livre !

Mémoire cach(é)e

Le patrimoine ne se niche pas que dans les salons dorés et autres châteaux. Parfois, comme le rappelle le thème national de ces journées, il est bien caché. Nous avons choisi d’aller le pister dans des lieux a priori peu glamours mais où les hommes ont laissé de poignantes traces de leur passage : une prison, une usine et un souterrain. Nadja Pobel

La prison Saint-Paul

Elle est un peu la star de ces journées à Lyon. C’est la seule et unique fois où elle est peut être visitée avant que ne commencent dès octobre des travaux de réhabilitation. Et les 900 places disponibles se sont envolées en une journée. Dommage, que ce week-end du patrimoine ne dure pas plus longtemps car, outre les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest, Perrine Lacroix, Patrice Giorda, Georges Rousse qui ont travaillé spécifiquement sur la notion d’enferment et dont des restitutions en vidéo seront visibles ensuite, il y a dans ces murs des traces à vif de la vie des prisonniers. Rien n’a changé depuis que les détenus ont été transférés au centre pénitentiaire de Corbas en 2005. Les lambeaux de bouteilles, téléphones portables, vêtements sont encore accrochés aux barbelés ou s’étalent à même le sol ; les cellules de 9 m² lavabo et WC compris (pour quatre détenus) semblent avoir été vidées hier. Construite en 1865 à côté de la prison Saint-Joseph (qui accueillera bientôt Habitat & Humanisme, l’OPAC et des bureaux), cette prison, à l’architecture remarquable de forme panoptique, a failli être rasée après avoir été vidée de ses occupants. C’est finalement la faculté catholique de Lyon qui a pu racheter ce lieu en revendant ses locaux historiques de la rue du Plat. 40% du bâti sera conservé dont, bien sûr, la chapelle. Les fenêtres seront agrandies car les meurtrières des cellules ne conviennent pas à ce nouvel usage. L’université ouvrira ses portes lors de la rentrée 2015. Pour ceux qui n’auraient pas la chance de visiter cette prison, il faut alors se rendre à quelques encablures de là, aux Archives municipales, pour découvrir le précieux travail photographique et sonore que Christophe Goussard et Eugène Lampion y ont menés.

"Chambres obscures", aux Archives municipales, jusqu’au samedi 29 sept, samedi 15 et dimanche 16 septembre de 13h à 18h

L’Usine TASE

À Vaulx-en Velin, aux confins du Carré de soie, l’usine TASE n’a, a priori, rien de captivant, mais ses murs renferment pourtant un témoignage fort de la grande histoire ouvrière de l’Est lyonnais. Vidée de son activité depuis 1980, l’usine était le lieu d’exploitation du procédé de fabrication de la soie artificielle viscose durant 55 ans et a compté 3000 employés en 1935 ! Elle était aussi le pivot de la "ville-usine" qui l’entourait avec les logements pour le personnel, les équipements collectifs (école…). Promis à la démolition, ce bâtiment a finalement été sauvé par l’inscription de sa façade au titre des monuments historiques en 2011. Si sa fonction à venir n'est pas encore déterminée, le lieu a déjà pu accueillir la biennale d’art contemporain l’an dernier et sera, pour les journées du patrimoine, un centre de ressource de la mémoire ouvrière restituée à travers de nombreuses archives et vidéos d’habitants des cités TASE pilotées en partie par les artistes de KompleXKapharnaüM.

Visite samedi 15 et dimanche 16 septembre de 10h à 18h (réservation conseillée sur vivelatase@gmail.com)

Lecture à deux voix du livre de Marie-Ghislaine Chassine "Dans tous tous les sens" sur les cités TASE, samedi 15 septembre à 16h

Visites guidées "Le Carré de soie en mutation", sam 15 et dim 16 sept à 10h et 14h (inscription sur vivelatase@gmail.com)

Ancienne champignonnière de Montessuy

Quoi de plus caché qu’un souterrain pour illustrer le thème du patrimoine caché ? Pour aller se rafraîchir à l’ombre, il faut se rendre à Caluire, dans les anciennes champignonnières qui ouvrent pour la première fois. C’est un lieu mystérieux dont on sait peu de chose encore, sinon qu’il a été construit dans les années 1870 quand Lyon ne cessait de se doter de systèmes défensifs qui n’ont jamais servis. Près de 600 mètres de galeries relient de part et d’autre d’un îlot central les forts de Caluire (aujourd’hui stade Henri Cochet) à celui de Montessuy. Tout n’est pas praticable car les membres de l’association de l’OCRA (qui gère la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine souterrain à Lyon et aux alentours) déblayent peu à peu le terrain, mais il est possible de voir une impressionnante enfilade de casemates d’environ 10m² chacune (51 se jouxtent en allant vers Montessuy !). Ces multiples salles voutées creusées quelques mètres seulement sous la surface de la ville sont percées de meurtrières aujourd’hui condamnées et qui n’ont jamais été utilisées. Semi-enterré à l’origine, la galerie n’a été entièrement close que suite aux remblaiements liés à l’urbanisation de Caluire. Bien plus tard, dans les années 1950-60, ce lieu humide a été utilisé par des maraîchers pour la culture des champignons mais là encore, difficile d’en savoir plus. Quelles sortes de champignons ont été cultivés ? À quelles fins ? En quelle quantité ? L’OCRA compte désormais sur la parole des habitants pour reconstituer l’histoire de cet étrange souterrain.

Champignonnière, 3 rue Paul Painlevé, Caluire

Samedi 15 et dimanche 16 septembre de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h30 (inscription obligatoire sur www.ocra-lyon.org)

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