Un siècle qu'Universal a planté son drapeau à Hollywood. Si le doyen des studios encore en activité méritait bien son petit hommage, quel meilleur film que le mythique Jaws (Les Dents de la mer) dans une copie flambant neuve pour fêter ça ? Archi revu et commenté mais toujours aussi fascinant, il est une date clé du cinéma américain. Film souche pour Steven Spielberg et son œuvre, qui n'a cessé de traiter ensuite du grand Autre sous toutes ses formes : ici animalière et dangereuse comme elle reviendra décalée dans Cheval de guerre ; ou plus volontairement naïve mais pas moins symptomatique dans E.T. (projeté également en copie restaurée durant le festival). Film providentiel pour Universal, qui voit en son succès massif la lueur d'espoir tant attendue pour relancer des studios alors exsangues au début des années 70 : il sera l'instigateur du blockbuster hollywoodien, inventant une nouvelle manière de faire des films repris par tous depuis. Mais si Jaws s'impose aujourd'hui dans ce cadre, c'est qu'il est aussi un bel hommage de son auteur à l'une des spécialités de sa maison mère (des années 30 à 60, Universal était connue pour ses films de monstre) qui l'ont tant fait rêver enfant.
Jérôme Dittmar