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Le prix Goncourt des Lycéens 2012 sera attribué à…

Tout comme leurs vénérables aînés du cénacle de l’Académie Goncourt, la fougue et l’énergie en plus, les lycéens planchent pour attribuer leur prix. Né il y a 25 ans à Rennes d’une idée entre un professeur de français et un responsable de communication de la FNAC, le prix Goncourt des Lycéens suscite une véritable émulation pour la littérature dans les rangs des scolaires. Le jeudi 18 octobre, s’est tenue la rencontre régionale entre les jeunes lecteurs/jurés et les auteurs en lice, pour un après-midi de débats et de questions loin de la monotonie habituelle des salons. Gaël Dadies

C’est l’effervescence d’une avant-première dans le hall de l’UGC Ciné Cité et pourtant rien de tel n’est annoncé. Les nombreux lycéens qui s’impatientent bruyamment ne sont pas là pour se faire une toile mais pour parler littérature. Au programme de l’après-midi pour ces ados : rencontres et débats avec les auteurs en lice pour le prix Goncourt des Lycéens. Et ils prennent leur rôle très à cœur. 

Car, en pleine saison des prix littéraires et à l’approche de la révélation du futur prix Goncourt le 7 novembre prochain, le Goncourt des Lycéens s’est imposé comme un prix de référence. Autant aux yeux des critiques et du public que des auteurs eux-mêmes. Lancé en 1988 par le rectorat de Rennes et la FNAC, avec l’accord de l’Académie Goncourt et le soutien du ministère de l’Éducation nationale, le Goncourt des Lycéens devient national deux ans plus tard.

Depuis sa création, sa sélection est identique à celle divulguée chaque année par l’Académie Goncourt et n’est pas affinée car, selon Marion Hislen, directrice de l’action culturelle à la FNAC, «il serait trop compliqué de réduire la liste et d’avoir fait lire les lycéens pour rien.» Le principal objectif étant, derrière la simple remise de ce prix, de lancer des débats sur la littérature contemporaine en donnant la parole aux lycéens, d’éveiller leur esprit critique et leur goût pour la lecture.

Mode d’emploi

Si l’attribution du prix Goncourt suscite souvent de nombreux commentaires et polémiques à cause de divers arrangements passés entre éditeurs et jurés, pour ne pas parler de « magouilles », le prix Goncourt des lycéens n’obéit pas à de telles prérogatives. Mais il suit un déroulement rythmé par diverses étapes et respecte le même règlement. Ce qui explique l’absence de Mathias Enard de la liste de cette année car, lauréat 2010 pour Parle leur de batailles, de rois et d’éléphants, il ne peut plus concourir.

En revanche, un écrivain peut cumuler Goncourt et Goncourt des lycéens, à l’image d’Eric Orsenna pour L’Exposition coloniale ou Andreï Makine avec Le Testament français. Ces rencontres régionales sont un moment clé avant la réunion du jury régional composé d’un délégué par classe élu par ces camarades, dont il devra défendre les choix de lectures.

À l’issue de ces débats, deux lycéens délégués par région seront élus et élaboreront ensemble un premier tiercé dans le désordre. Annonce du verdict le 15 novembre à la FNAC de Rennes par le porte-parole du jury final, en présence de Pierre Assouline, parrain de cette 25e édition, et de Carole Martinez, lauréate 2011 pour Du domaine des murmures.

Depuis le 13 septembre, lancement de la 25e édition du Prix Goncourt des Lycéens, plus de 2 000 lycéens issus d’une cinquantaine d’établissement généraux et professionnels partout en France, se sont attelés à la lecture des onze romans sélectionnés cette année :

  • "L’Enfant Grec"              Vassilis Alexakis (Stock)
  • "Partages"                    Gwenaëlle Aubry (Mercure de France)
  • "Ils désertent"               Thierry Beinstingel (Fayard)
  • "Orchidée Fixe"              Serge Bramly (JC Lattes)
  • "Peste & Choléra"           Patrick Deville (Seuil)
  • "La Vérité sur l’affaire 
     Harry Québert"              Joël Dicker (Fallois)
  • "Le Sermon sur la
     chute de Rome"            Jérôme Ferrari (Actes Sud)
  • "Quel trésor !"                Gaspard-Marie Janvier (Fayard)
  • "Lame de fond"              Linda Lê (Bourgois)
  • "Le Terroriste noir"          Tierno Monenembo (Seuil)
  • "Comme une bête"         Joy Sorman (Gallimard)                  

 

« Un prix qui fait du bien »

Ouvert à tous les professeurs se portant volontaires auprès du Ministère de l’Éducation, le prix Goncourt des Lycéens suscite une véritable émulation chez ces lecteurs. Pour une fois que leur avis est pris en compte en terme de littérature, les élèves découvrent que celle-ci est vivante et ne se limite pas forcément à ces classiques imposés tels que Balzac, Hugo ou Racine. Et que les romanciers ne sont pas des êtres inaccessibles enfermés dans leur tour d’ivoire.

Durant les deux mois de lecture précédant l’attribution du prix, chaque lycéen doit au minimum lire trois livres. Pris dans cette dynamique du concours et portés par leur enthousiasme, la majorité des élèves ne se limite pas à ce minimum et ceux des filières littéraires lisent parfois toutes les œuvres sélectionnées. Le tout sur le mode d’un volontariat total brisant le cliché de ces lycéens se désintéressant de la lecture.

Cette rencontre régionale à l’UGC Ciné Cité du 18 octobre avec les auteurs a été minutieusement préparée en cours. Les lycéens ont établi avec leur professeur toute une batterie de questions qui seront posées durant l’après-midi afin de nourrir les débats et de les « éclairer sur leurs œuvres ». Pas de place à l’improvisation pour ces jurés en herbe qui « kiffent grave d’être là » pour cuisiner les auteurs présents.

Ces derniers jouent le jeu et se prêtent volontiers à ce feu roulant de questions très spontanées du genre « Pourquoi vous commencez votre histoire avec un écrivain et rebondissez ensuite sur l’histoire d’un meurtre ? », « Pourquoi avez-vous choisi de documenter ainsi votre livre ? », « Comment expliquez vous le choix de ce vocabulaire si riche ? » ou « Pourquoi avoir numéroté vos chapitres comme un compte à rebours ? ».

Les débats une fois terminés, lycéens et écrivains poursuivent leur discussion de façon impromptue devant le cinéma. Pour Joël Dicker, que ces demoiselles trouvent « trop beau », le prix Goncourt des Lycéens « est un prix qui fait du bien. C’est sans doute le seul prix où on a la possibilité de prendre le temps pour parler de nos livres et de rencontrer nos lecteurs.» Tandis que pour Serge Bramly, « l’émulation de ces jeunes est très marrante. C’est un véritable bol d’oxygène. » Et il poursuit en ajoutant que le plus beau compliment jamais reçu de la part d’un lecteur venait d’un lycéen de Marseille lui ayant confié : « Votre livre est le premier que je lis de ma vie. »

Bien plus qu’un simple prix littéraire, le Goncourt des Lycéens reste avant tout une porte ouverte sur la littérature contemporaine et un moyen de la rendre attractive. C’est l’occasion pour ces jeunes lecteurs de l’appréhender différemment, de développer leur goût pour la lecture et leur esprit critique en s’impliquant activement dans des débats face aux auteurs. Débats à l’issue desquels ils ont déjà une idée précise de leurs favoris. Affaire à suivre. 

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